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— Berdan, de la Russie — (ayant tous les cinq la fermeture à verrou), diffèrent extrêmement peu les uns des autres. Ceux qui s’en serviront combattront à armes égales : comme portée, comme effets meurtriers, comme justesse, ces fusils sont de même puissance. Leurs poids sont à peu près égaux. Leurs munitions se ressemblent: ce sont des cartouches complètes, c’est-à-dire composées d’une enveloppe métallique, — à la fois étanche pour assurer la conservation de la poudre, et hermétique pour empêcher l’échappement des gaz, — dans laquelle sont réunis la balle, le lubrificateur destiné à graisser après chaque coup les parois de l’âme, la charge de poudre et l’amorce qui produit l’inflammation. Leur poids oscille entre 36 et 48 grammes, l’approvisionnement porté par chaque homme variant, en conséquence, entre 80 et 100 cartouches environ, comme on l’a vu, pour une limite de 4 kilogrammes.

Il est maintenant question de modifier cet armement pour assurer une supériorité à la nation qui aura été assez riche ou assez entreprenante pour le doter de qualités qui manquent aux autres. On peut dire que chaque puissance étudie en ce moment les moyens d’améliorer considérablement son fusil. Le bruit qui se fait autour des armes à répétition n’est pas localisé en France. En Allemagne, les préoccupations ne sont pas moindres. Et l’on sait que la Suisse est déjà dotée d’armes à magasin, que la Suède et la Norvège sont près d’en être également armées, que les États-Unis en ont eux aussi.

Mais, tandis que le gros du public ne voit guère d’autre réforme que l’accroissement de vitesse du tir, les gens du métier songent plutôt à augmenter les propriétés balistiques, ou tout au moins à les conserver telles qu’elles sont aujourd’hui, mais en diminuant notablement le poids de l’arme et de la cartouche, car, — on a pu s’en convaincre, — la portée et la force de pénétration sont suffisantes, et, pour ce qui est de la justesse, on ne doit pas la rechercher avec trop de rigueur dans une arme qui doit être tenue par une main plus ou moins tremblante. Il n’en est pas du fusil comme du canon, qui repose sur un affût immobile, calme, inaccessible aux émotions du champ de bataille.

Les deux tendances distinctes des inventeurs et des théoriciens peuvent se résumer en ces deux, termes ; Rapidité da tir ou réduction du calibre.


II.

« La question de temps importe beaucoup pour l’effet pratique du fusil d’infanterie comme pour celui de toute machine. En effet,