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L’ARMEMENT DE L’INFANTERIE
ET
L’INSTRUCTION DU TIR EN FRANCE.

Une agitation s’est créée dans l’armée sur la question du fusil, et l’opinion publique n’y est pas restée indifférente. Le gouvernement, de son côté, s’est occupé de donner satisfaction aux exigences formulées par la presse. Des commissions ont été instituées pour étudier les innombrables modèles d’armes proposés de toutes parts. Elles n’ont pas encore fait leur choix, qui reste d’ailleurs subordonné à la solution que recevront les questions de principe. Or, on est loin d’être fixé sur certains points qui sont de haute importance. Doit-on se contenter de transformer l’armement actuel, ou convient-il d’en créer un neuf de toutes pièces? Vaut-il mieux développer les qualités balistiques du fusil : — comme de porter loin, de frapper juste et de s’enfoncer profondément, — ou ce qu’on nomme les qualités de service : — comme d’être léger, de se charger vite, de n’exiger que peu de précautions dans le maniement et dans l’entretien ? Doit-on approprier la tactique au caractère nouveau d’armées composées en grande partie de réservistes qui seront probablement de tort médiocres tireurs, ou doit-on chercher à conserver les principes d’autrefois en travaillant à répandre dans la population civile le goût et la pratique du tir? Arrivera-t-on à ce résultat de faire de tout citoyen un tireur exercé et pourra-t-on en conséquence compter sur les réservistes aussi bien que sur les soldats de l’armée active pour tirer bon parti de leurs armes?