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à l’impôt ou d’augmenter d’office la taxe de ceux qui n’étaient portés au rôle que pour une somme insignifiante. Ils imaginèrent d’imposer sans raison des taxes d’office à ceux qu’ils voulaient contraindre à acheter des charges nouvellement créées et qui devaient ou payer la taxe ou acheter la charge. — Le 6 mars 1703, l’intendant du Berry annonce « qu’il a fait, lors du dernier département, 600 ou 700 taxes d’office pour débiter les charges de syndics dans les paroisses de la généralité. Elles sont toutes levées par cette voie ; je me dispose, dit-il, d’en faire autant cette année pour les charges de vérificateurs. — Celles d’élus-contrôleurs n’ayant été levées que dans les élections des villes taillables,.. je me suis fait nommer les personnes les plus propres par leur bien, leur âge et leur état à les remplir ; j’ai fait en même temps trois taxes d’office, l’une à la taille pour la ville de La Charité, une à l’ustensile et à la capitation pour la ville de Bourges, et une à la capitation pour la ville d’Issoudun, qui n’a pas d’ustensile. Celui qui a été taxé à La Charité a levé la charge : c’est une chose consommée ; celui qui a été taxé à Bourges m’a été mal indiqué,.. Un sieur de Villecourt m’a été indiqué pour Issoudun : le motif de la taxe est pour le prier de lever la charge de l’élection d’Issoudun. C’est un homme qui a 80,000 ou 100,000 livres de biens ; c’est un garçon jeune, très oisif, qui a été tenté de toute sorte de charges et qui ne saurait se déterminer. Si vous ne lui faites concevoir aucune espérance de modérer sa taxe et que vous le renvoyiez seulement à moi pour lui faire justice, je suis assuré ou qu’il lèvera la charge, ou qu’il trouvera quelqu’un pour la lever, ou qu’il fera trouver de l’argent à l’élection, qui, dans ce cas, s’obligera en corps à l’emprunter. » — Ce n’était pas là un acte isolé, l’acte d’un intendant qui voulait faire du zèle ; car, deux ans après, le contrôleur-général lui-même mande à l’intendant de Tours « que le conseil se repose sur l’engagement qu’il a pris de faire débiter les offices de vérificateurs particuliers soit par le moyen de taxes d’office, soit par la réunion aux paroisses. »

Mais l’administration revient à des procédés qui se rapprochent davantage de ceux du commerce quand Desmarets, alors directeur des finances, écrit (26 mai 1706) à l’intendant d’Orléans : « Afin d’assurer ou de faciliter le débit des offices de juges-gruyers, chargés de connaître du fait des bois ou de la chasse dans les justices seigneuriales, sans user directement de contrainte envers les seigneurs, on a fixé la finance sur un pied assez bas en laissant des délais suffisans pour lever les charges ; mais s’ils en ont besoin, on fera craindre une recherche et des poursuites auxquelles on n’a pas réellement dessein de procéder ; » ou quand le contrôleur-général blâme le premier président du parlement de Besançon d’avoir