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qui vient d’avoir lieu, l’une et l’autre offrant des titres du même type que les obligations du Lyon, du Nord, de l’Orléans, etc., à 20 ou 30 fr. moins cher ; enfin et surtout, l’approche du moment, où, comme conséquence du vote définitif des conventions, les compagnies vont avoir a re procurer les fonds nécessaires pour les travaux dont elles se sont chargées. On a vendu quelque peu en prévision des emprunts qui devront être effectués soit par émissions publiques, soit, ce qui est plus probable, par livraisons continues de titres aux guichets des compagnies.

Le vote des conventions par le sénat a donné la dernière sanction législative aux arrangemens intervenus entre les compagnies et l’état. Les actionnaires vont être appelés à leur tour, dans des assemblées générales qui se réuniront en décembre, à ratifier les contrats passés par leurs administrateurs. Cette ratification n’étant pas douteuse, on peut considérer comme définitivement établi le nouveau régime sous lequel vont vivre nos compagnies de chemins de fer. C’est à partir du 1er janvier prochain que les clauses des conventions vont commencer à recevoir leur exécution. L’état a formellement renoncé à assumer plus longtemps la charge de la grande entreprise qui a pour objet l’achèvement de notre outillage de voies de communication. Il ne s’était pas écoulé deux années depuis qu’il avait résolu de se substituer pour l’accomplissement de cette tâche à l’organisation ancienne et éprouvée des compagnies, qu’il s’est aperçu que l’épuisement de son crédit et la ruine de nos finances étaient les étapes prochaines de la voie fatale où il s’engageait. La saine raison a repris ses droits et fait justice des utopies. Le rachat des chemins de fer a été rayé du programme des républicains même les plus avancés de la chambre.

Nos rentes, avec lesquelles nous passons du domaine de l’épargne à celui de la spéculation, ont porté ces jours derniers la peine de l’imprévoyance avec laquelle a été conçue et dirigée jusqu’ci notre expédition au Tonkin. À aucun moment, le gouvernement n’a tait l’effort nécessaire pour mettre nos soldats en état de frapper un coup décisif. La Chine, enhardie par nos hésitations et par la faiblesse de nos effectifs au Tonkin, est devenue chaque jour plus arrogante, et a remis à notre ministre des affaires étrangères un mémorandum posant un casus belli. De là un émoi d’autant plus grand que l’on attendait vainement la nouvelle d’un succès imprudemment annoncé à l’avance, et que le gouvernement laissait entendre qu’il préparait l’envoi au Tonkin d’un nouveau contingent de six mille hommes. Le 4 1/2 est tombé brusquement de 107 francs à 106, et même à 105.75 ; il est vrai qu’il s’est aussitôt relevé à 106.25, sur l’annonce que la remise du mémorandum chinois n’avait pas interrompu les négociations, et que plusieurs cabinets étrangers étaient fort occupés de la question d’une