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répliquait avec quelque raison : « J’ai fait plus pour vous, je me suis déshonoré pour vous remettre votre honneur. » Ce qui ne les empêcha pas d’avoir de nombreux enfans, souvent cités le siècle suivant, et une fille, du nom de Madeleine, qui hérita de la beauté de sa mère, sans rien rappeler de ses traits[1].

Il était écrit que tous les personnages qui ont figuré dans cette histoire d’amour finiraient, comme finissent toutes les comédies, par le mariage. Limeuil avait ouvert la marche, la maréchale de Saint-André suivit de près : le 18 octobre 1568, elle épousait Geoffroy de Gaumont, fils cadet de Charles de Gaumont. Il avait d’abord été abbé de Clairac, et, à la mort de son frère aîné, quittant la robe longue, il avait endossé la cuirasse et porté l’épée. A propos de ce second mariage, Brantôme traite assez mal Marguerite de Lustrac : « J’ai connu une dame qui avoit épousé un maréchal de France beau et vaillant; et en secondes noces elle en alla prendre un tout au contraire à celuy-là : » Ce second mari, Caumont, dura peu, il mourut en 1574. Après vingt-cinq ans d’absence de la cour, sa femme y reparut en reprenant le nom et le titre de son premier mari, le maréchal de Saint-André, ce qui fut trouvé étrange et vivement blâmé. Enfin Maulevrier, qui avait joué un si vilain rôle dans le procès de Limeuil, épousa, chose étrange, Antoinette de Limeuil, sœur cadette d’Isabelle, veuve de Jean d’Avaugour.


HECTOR DE LA PERRIERE.

  1. On peut voir d’elle un portrait dans un recueil rarissime que, dans les années 1602 et suivantes, vendait dans les rues de Paris un pauvre fou qui s’intitulait Bernard du Bluet, comte de Permission.