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LES
COMMENTAIRES DES SOLDATS
(1792-1815)

Journal d’un fourrier de l’armée de Condé, publié par M. le comte de Contades . Paris, 1883, Didier. — II. Souvenirs d’un jeune abbé, soldat de la république, publiés par M. le baron Ernouf ; Paris, 1883, Didier. — III. Journal de marche d’un volontaire de 1792, publié par M. Lorédan Larchey; Paris, 1882, Hachette. — IV. Les Cahiers du capitaine Coignet, publiés par M. Lorédan Larchey, Paris, 1883, Hachette.

Les chefs d’armées qui écrivent leurs mémoires n’ont point, en général, pour seul but de raconter les choses dont ils ont été les témoins actifs. Ce qu’ils s’efforcent surtout de montrer dans les événemens, c’est le rôle qu’ils y ont joué. L’histoire s’efface et se personnifie, en eux-mêmes. Il s’en faut qu’ils goûtent la valeur du précepte : Scribitur ad narrandum… Bien au contraire, ils plaident, ils jugent, ils concluent. Le récit tourne vite à l’apologie de l’autobiographe. Les Marmont, les Soult, tant d’autres ne peuvent faire abstraction de leur renommée, de leurs rivalités, de leurs inimitiés. Ils combinent tout en vue d’une défense qui est d’ailleurs trop souvent nécessaire. Sans doute ils n’altèrent pas les faits, mais ils les présentent parfois sous un aspect qui les modifie. Dans ces récits, l’art a autant de part que la vérité. Tout différens sont les mémoires des simples soldats. Ces humbles et glorieux comparses des grands drames militaires prennent leurs notes au bivouac, sans idée préconçue de publicité, sans l’arrière-pensée