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déshonorantes, Paris, — Urbs, la ville incomparable, — Paris n’a qu’un palais où se puissent organiser les exposition? !

Ce palais sert à l’exposition d’horticulture, il sert à l’exposition algérienne, il sert aussi à l’exposition canadienne et au concours des animaux gras, et au concours des chevaux maigres, et au concours des voitures attelées, et au concours des bêtes à cornes ; aux expositions de l’Union centrale, aux expositions agricoles, aux expositions industrielles, aux expositions d’électricité ; ce palais sert à tout enfin, et il est le seul où se puissent décemment accrocher des toiles et disposer convenablement des sculptures. Mais au moins ce maître Jacques des palais, ce palais à tout faire, pourra-t-il être utilisé en toute saison? Point! il est inhabitable en hiver, inhabitable en été ; il n’est ni défendu contre les rayons du soleil de juillet, ni protégé contre les neiges, les glaces et les frimas de décembre. Faire coïncider au mois de mai les deux expositions était impossible; si on les voulait faire coexister dans la même année, il fallait ou reculer l’exposition des artistes, ou chauffer le palais pour une exposition d’hiver, ou construire pour les arts une nouvelle demeure, ou se résigner enfin à n’ouvrir qu’en automne l’exposition d’état.

Reculer l’exposition des artistes, c’était peut-être le meilleur moyen de tout concilier. On ne s’y arrêta pas. L’état, qui offre chaque année aux artistes le palais des Champs-Elysées, au mois de mai, ne voulut pas, pour une première expérience, se donner l’apparence de faire dans son propre palais, aux artistes libres, une concurrence cependant loyale. Le ministre des beaux-arts se refusa à enlever à la société nouvellement constituée, et qui jusqu’ici n’a pu songer à construire l’édifice qui abritera ses expositions et sa fortune, le bénéfice à l’époque traditionnelle du Salon. Chauffer le Palais de l’industrie pour une exposition d’hiver qui aurait eu lieu en décembre et en janvier, la tentative était séduisante; mais les électriciens avaient échoué dans l’entreprise, et les architectes estimaient qu’avec une dépense de quelques centaines de mille francs, on arriverait à peine à une chaleur de quelques degrés. Construire un édifice provisoire? Les difficultés étaient nombreuses, les dépenses considérables, l’emplacement, chose bizarre, presque introuvable, la construction eût été longue, le succès était incertain; on y renonça. Restait à organiser en automne l’Exposition nationale : on se résolut à ce parti, qui n’était peut-être pas le meilleur, mais qui parut soulever le moins de difficultés au point de vue de l’exécution.

Moins la saison choisie pouvait sembler favorable, plus il convenait de ne rien négliger pour que l’installation des œuvres admises fût digne de l’effort tenté par les artistes qui répondraient à l’appel.