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en l’année 56 avant Jésus-Christ, le vainqueur des Saces, le roi Vicramâditja, fixa sa résidence? La chose n’est pas impossible, ne fût-ce que pour la conformité des. noms. Ce qui est certain, c’est que la majeure partie des produits exportés de Barygaza, — onyx et vases de porcelaine, mousselines et madras, indiennes ordinaires, ivoire, soie, cachou et poivre long, — venaient de l’intérieur et en majeure partie d’Ozène. Le nard y arrivait par la Peucélaotide « des pays les plus extravagans : » de Cattyburina, de Patropapiga, de Cabalita, où l’érudition allemande croit reconnaître Caboul, On en recevait aussi de la Scythie adjacente. Par la même voie descendaient à la côte le costus et le bdellium.

Qu’importait-on à Barygaza pour payer ces trésors? On importait du vin d’Italie, de Laodicée, et d’Arabie, du cuivre, de l’étain, du plomb, du corail, des topazes, des vêtemens unis ou nuancés de tout genre, des ceintures à trame variée, des coussins, du styrax, du mélilot, du verre grossier, du réalgar, de l’antimoine, des monnaies d’or et d’argent, dont l’échange avec le numéraire du pays est assez lucratif, enfin quelques parfums, mais non pas des parfums de grand prix. Sous le nom de tribut, on envoyait au roi des vases précieux d’argent, des instrumens de musique, de belles jeunes filles pour lui servir de concubines, du vin de choix, des vêtemens unis, somptueux cependant, et des parfums délicats.

La côte qui suit Barygaza s’étend du nord au sud; on l’appelle la côte de Dachinabade : c’est aujourd’hui le Dekkan. « Dachanus, remarque l’auteur du Périple, signifie dans la langue du pays le midi. » A l’intérieur, on rencontre de nombreux déserts, de hautes montagnes, des bêtes fauves de tout genre : panthères, tigres, éléphans, serpens d’une immense grandeur, hyènes, cynocéphales. De la côte jusqu’au Gange sont répandues des populations très nombreuses. A vingt journées de marche de Barygaza, du côté du midi, existe un marché fameux : le marché de Pæthana, et, dix journées plus loin encore, une autre ville, très grande, appelée Tagara. Pæthana, s’il en faut croire Müller, est aujourd’hui Pythan, sur le Godaveri, près d’Ahmednagara. Tagara serait peut-être Deoghir, ville florissante jusqu’en l’année 1293 et dont on peut retrouver les débris près de Doulatabad, non loin d’Élore, si célèbre par les majestueuses ruines de ses temples. De Pæthaoa et de Tagara, on apporte à Barygaza, sur des chars et par des chemins très difficiles, les marchandises de la Dachinabade : de Pæthana viennent les onyx, de Tagara les indiennes et les mousselines.

De Barygaza, si l’on continue de descendre la côte, on compte 700 milles jusqu’à Limyrice, que Müller, malgré une certaine discordance dans les distances, voudrait reconnaître dans la localité