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caractère très peu satisfaisant au point de vue de la Bourse, venaient de prendre une tournure plus favorable et pouvaient même fournir à la spéculation un motif sérieux de relèvement du marché.

Toutefois cette espérance ne paraît pas devoir se réaliser. Le 4 1/2 a touché un moment le cours de 108.60 ; mais les rachats ont brusquement cessé et la rente est retombée à 108.20. La réponse des primes et la liquidation se feront donc vraisemblablement aux environs des cours cotés depuis le commencement de la quinzaine, ce qui, après le détachement du coupon semestriel, laissera encore le 4 1/2 pour 100 au-dessus de 107 francs, soit à un prix raisonnablement élevé, si l’on tient compte des préoccupations très vives qui se sont fait jour depuis la rentrée des chambres, à l’occasion de notre situation budgétaire.

On savait que le budget de 1883 se solderait nécessairement en déficit, mais on espérait que des mesures pourraient être prises en temps opportun pour assurer l’équilibre du budget de 1884. Or, on voit difficilement comment ce résultat pourra être obtenu. La commission du budget et le ministre des finances se sont d’abord entendus pour diminuer de 32 millions les dépenses générales des ministères. Mais il a été constaté sans peine que ces diminutions seraient insuffisantes, attendu qu’il fallait prévoir non pas seulement 32 millions, mais 82 millions d’écart entre les premières évaluations de recettes et le rendement probable. C’est donc à 50 millions qu’est fixée provisoirement l’insuffisance à combler pour 1884. La commission propose de diminuer l’amortissement de 50 millions, ce qui équivaut à emprunter pareille somme, puisque l’amortissement dont il s’agit s’applique non à la dette consolidée, mais à des obligations sexenuaires qu’il faudra bien de toute façon rembourser à leur échéance, c’est-à-dire en 1884. Le ministre des finances repousse cette solution, qui lui paraît dangereuse pour l’avenir de nos finances, et préfère majorer de 50 millions les évaluations de recettes. La chambre aura à se prononcer entre les deux systèmes. Il est à noter que les discussions auxquelles a donné lieu dans la presse cette difficulté budgétaire ont révélé qu’il y aurait plus que de l’optimisme à supposer que le déficit de 1883 se réduira à la somme en litige entre le ministre et la commission, soit à 50 millions.

L’exposé ministériel publié au moment de la reprise de la session parlementaire, concernant notre situation militaire au Tonkin et l’état des négociations avec la Chine, a produit sur l’opinion publique en général une pénible impression. On y a vu la preuve que l’entreprise du Tonkin serait beaucoup plus difficile et plus dispendieuse qu’on ne l’avait cru d’abord, lors même qu’elle ne devrait pas nous entraîner, ce que l’on commence à redouter sérieusement, à une guerre avec la Chine. Une recrudescence de dépêches alarmantes concernant les préparatifs militaires de la Russie sur les frontières autrichiennes et allemandes,