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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 octobre.

Qu’en sera-t-il décidément de nos affaires françaises ? Sont-elles condamnées à tourner indéfiniment dans le même cercle de violences et d’impuissance, ou vont-elles se dégager des confusions misérables et prendra une face nouvelle ? Les discours que M. le président du conseil est allé prononcer récemment à Rouen et au Havre, sur tous les chemins de la Normandie, ne sont-ils qu’une retentissante et vaine déclamation jetée à l’opinion à la veille d’une session difficile, ou bien doivent-ils être considérés comme l’acte sérieux, réfléchi d’un chef de gouvernement frappé de la gravité des choses, résolu à y porter remède ? Où en est enfin, où en sera demain la politique de la France ?

C’est la question du jour, la question qui domine et contient toutes les autres. Elle se débat sous toutes les formes, dans toutes les polémiques depuis quelques semaines, surtout depuis les tristes incidens qui ont marqué le passage du roi d’Espagne à Paris et qui ont mis brusquement à nu les incohérences de toute une situation ; elle va nécessairement se préciser avec plus de netteté et de force devant les chambres maintenant réunies depuis huit jours et placées en face du problème. Ce qui est positif, s’est qu’il y a désormais dans le pays un sentiment assez profond et assez universel. Tout le monde a plus ou moins cet instinct que le moment est venu de voir clair dans nos affaires, qu’on ne peut aller plus loin sans prendre des résolutions décisives. Pour tous ceux que n’aveugle pas absolument le fanatisme de parti, il y a une expérience faite et consommée ; il y a une politique qui est arrivée au bout de son évolution. Elle a régné et gouverné souverainement depuis quelques années, cette politique prétendue républicaine,