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grandeur naturelle, entaillées dans un granit bleu très dur, à plus de 30 pieds au-dessus du sol. Tout se réunit pour montrer une somme de travail dont les Indiens sont incapables et des difficultés d’exécution qu’ils n’auraient pu vaincre. La hauteur à laquelle se trouvent, quelques-unes de ces sculptures permet même de supposer un phénomène géologique survenu depuis leur exécution : la dépression du lac, par exemple.

Dès le commencement du siècle, on signalait dans l’état de New-York de nombreuses gravures. Un rocher de grès très dur, au confluent des deux rivières l’Elk. et le Kanhawa, portait sur le plan supérieur une tortue, un aigle aux ailes éplorées, un enfant, plusieurs autres figures humaines partiellement effacées. À droite, il est facile de distinguer un homme dans l’attitude de la prière ; à gauche, un autre homme pendu par les pieds et un dindon. Sommes-nous en présence de rites inconnus, ou ces gravures Sont-elles dues au seul caprice de l’artiste ? C’est l’éternelle question qui se pose pour les temps préhistoriques en Amérique. Dans le Vermont, les rochers baignés par la rivière Connecticut sont couverts de figures ; sur l’un d’eux on peut reconnaître un homme, sur un autre vingt têtes différences. Plusieurs portent sur le front deux rayons, deux cornes si l’on veut ; la figure du milieu en a jusqu’à six ; toutes témoignent d’un art encore en enfance. Les yeux et la bouche sont indiqués par des trous circulaires ; le nez manque presque toujours. Non loin de là, à Brattleboro, on rencontre une gravure d’une exécution bien supérieure ; elle représente des mammifères, des oiseaux, des serpens, tous rendus avec une connaissance assez précise de l’animal. Évidemment ces pictographies si différentes ne datent pas de la même époque. Les vieux habitans du Tennessee ont laissé des peintures sur les falaises qui dominent leurs grands fleuves ; les unes représentent le soleil ou la lune, les autres des animaux. Ces peintures ont été exécutées avec de l’ocre rouge, et, comme les sculptures de l’Utah ou de l’Arizona, elles sont à des hauteurs presque inaccessibles. À Buffalo-Creek, ces ouvriers inconnus ont tracé tout un troupeau de bisons marchant les uns à la suite des autres. Il y a plus de deux siècles déjà, le père Marquette signalait des scènes semblables, gravées sur les rochers de l’Illinois et du Mississipi.

Des pictographies, auxquelles on est disposé à accorder une grande ancienneté, se voient sur les parois des cavernes du Nicaragua. Certaines grottes situées dans les montagnes de la province d’Oajaca témoignent aussi du travail de l’homme ; ce sont des peintures grossières à l’ocre rouge. Parmi ces peintures, on distingue plusieurs fois répétées les empreintes en couleur noire d’une main