Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 59.djvu/962

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Le 29 septembre, jour où le roi d’Espagne était attendu à Paris, le 3 pour 100 se tenait encore à 78.85, l’amortissable à 81.32, le 4 1/2 à 108.37. Après tout un mois passé dans une inaction à peu près complète, la Bourse se trouvait n’avoir perdu que 0 fr. 25 ou fr. 30 pour chacun des trois types de rente, sur les cours de compensation du 1er septembre. Si la réception qui allait être faite au souverain espagnol ne donnait lieu à aucun incident fâcheux, on pouvait espérer une liquidation assez facile au niveau actuel, et s’il fallait prévoir ensuite un peu de réaction par suite des appréhensions que pouvait faire concevoir la prochaine rentrée des chambres, du moins était-il probable que les efforts des baissiers ne rencontreraient pas une résistance moins vive en octobre qu’en septembre.

On sait comment ces calculs ont été déjoués par l’événement. On a vu, en effet, les rentes tomber immédiatement de près d’une unité, et les grandes valeurs du parquet perdre sans résistance 40 ou 50 fr. dans les deux premières bourses du mois d’octobre.

Du 2 au 10 octobre, les cours ne se sont pas relevés, le 4 1/2 oscillant de 107.50 à 107.60, le 3 pour cent de 77.50 à 77.70, et l’amortis- sable de 79.30 à 79.50, après détachement d’un coupon trimestriel le 1*’octobre. Cependant la situation politique subissait dans l’intervalle d’heureuses modifications, et bientôt les haussiers, que tant de déboires avaient accablés, se sont repris à espérer de meilleurs jours. La démission du général Thibaudin, remplacé par le général Campenon au ministère de la guerre, a rendu le cabinet plus homogène et plus fort et a facilité en même temps le maintien des bonnes relations du pays avec le dehors. Le différend franco-espagnol n’avait pas été clos, on l’avait redouté avec raison, par la démarche du président de la république; le cabinet Sagasta essayait, en mettant en jeu la susceptibilité nationale, de prolonger son existence. Mais les exigences outrées du ministre des affaires étrangères d’Espagne ont été désavouées par ses propres collègues; il en est résulté à Madrid une crise qui s’est dénouée rapidement par la formation d’un cabinet nouveau composé de libéraux et de membres de la gauche dynastique, favorables, pour la plupart, au rétablissement de relations cordiales entre les deux pays et les deux gouvernemens.