Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 59.djvu/913

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA
BOTANIQUE DES CHINOIS

I. E. Bretschneider, Early European Researches into the Flora of China. Shanghaï, 1881. — II. Botanicon sinicum. Londres, 1882 ; Trübner. — III. L’Abbé Armand David, Voyage dans l’empire chinois, 2 vol. in-18, avec cartes et gravures. Paris, 1875-1883 ; Hachette.

Depuis quelque temps, on parle beaucoup de la Chine ; la plupart de ceux qui en parlent la connaissent mal. En général, nos compatriotes la tiennent en peu d’estime. Cependant, bien que les Chinois ne nous aient rien donné de plein gré, notre civilisation ne doit pas oublier ce qu’elle leur a emprunté, sous peine d’ingratitude. Mais il faut que nous nous moquions : étranger est toujours synonyme d’étrange. Les habitans du Céleste-Empire sont étonnans, nous les faisons grotesques ; leurs mœurs sont extraordinaires, nous les faisons ridicules ou même criminelles. Nous admettons volontiers qu’ils noient leurs filles, qu’ils accommodent leurs alimens à l’huile de ricin, qu’ils peignent sur leurs étendards de guerre des images capables d’épouvanter leurs ennemis, et que, pendant une éclipse, ils frappent avec frénésie sur leurs gongs pour chasser le dragon en train de dévorer le soleil ou la lune. En revanche, plus d’un enthousiaste leur attribue les vertus de l’âge d’or, vante les merveilles de leur industrie et prend pour témoin de leurs qualités morales et économiques l’extension toujours croissante de leur population. Derrière ces contradictions, il y a surtout de l’ignorance. Le petit nombre d’Européens, missionnaires, explorateurs, diplomates ou savans, qui ont abordé l’extrême Orient ou déchiffré ses encyclopédies, ont seuls là-dessus des sentimens fondés, parfois discordans,