Elles feraient songer, par un complet échec, à l’opposition, cette fois presque juste, entre la théorie et la pratique. M. Deprez, à son ordinaire, a su puiser la solution dans les principes mêmes de la théorie. Elle consiste à rendre aussi fin que possible le fil de cuivre dans lequel le courant prend naissance.
Si un constructeur, ayant par hasard à sa disposition quelques kilomètres de fil cinquante fois trop fin, s’était décidé, pour ne rien perdre, à les employer sans rien dire, dans la construction d’une machine dynamo-électrique, il réclamerait aujourd’hui la découverte et n’aurait pas eu grand mérite. On en accorde beaucoup à M. Deprez. Voyez l’injustice! Nullement : n’est-ce rien d’avoir eu la science, non le hasard, pour guide? L’idée de M. Deprez est très judicieuse. Le courant dans un fil ne naît pas en un point; il est engendré dans chaque élément ; la courant total est la somme de ceux qui prennent naissance, en nombre infini, superposés dans le même conducteur. La longueur du fil, nuisible dans le conducteur qui transporte la force, est donc avantageuse dans celui qui l’engendre. C’est pour pouvoir l’allonger sans éloigner son action que M. Deprez le rend plus mince. Une objection se présente : ce fil qui produit le courant doit aussi le conduire. En devenant plus mince et plus long, il apporte dans le courant une plus grande résistance. L’objection est spécieuse. Deux effets contraires sont en présence : il faut les comparer. Maître d’une théorie merveilleusement simple et qui montre tout sur une seule figure, M. Deprez possède tous les élémens. Le fil étant cinquante fois plus mince et en même temps cinquante fois plus long, puisque l’espace occupé reste le même, la résistance sera deux mille cinq cents fois plus grande. Il s’agit, on ne l’oublie pas, de porter remède à un accroissement de résistance ; la méthode n’est-elle pas singulièrement hardie? Mais les chiffres ne craignent rien. M. Deprez, continuant son enquête, trouve, pour une même vitesse de la machine, une force électromotrice cinquante fois plus grande. L’effet nuisible est multiplié par 2,500 et l’effet favorable par 50. Doit-on conclure au rejet ? Pas encore, répond M. Deprez. La résistance multipliée par 2,500 n’est pas la résistance totale, le long fil qui sépare les machines est resté le même; c’est la force électromotrice tout entière qui est multipliée par 50. La comparaison est donc permise et elle prononce en faveur du fil mince.
Trois essais tentés jusqu’ici ont réussi tous trois sans mécompte, avec un retentissement immense. Sur la demande de la commission technique d’électricité de l’exposition de Munich en 1882, M. Marcel Deprez essaya, pour la première fois, dans les conditions qu’il avait depuis longtemps déclarées réalisables, le transport de la force