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plus exactement, de la faire tracer par la machine, en laissant le papier immobile. Il a résolu ce problème ; deux points mobiles ayant des mouvemens quelconques, forcer un troisième point à décrire le mouvement résultant des deux autres. L’un des deux points mobiles, est-il besoin de le dire? est l’extrémité du crayon; le second est animé du mouvement qu’on donnerait au papier et que l’on remplacera par celui d’un organe de la machine. La courbe obtenue, sans être changée en rien, sera amplifiée ou réduite, suivant les cas. Tout l’avantage consiste à débarrasser l’appareil du papier mobile, qui le rendait moins portatif et moins simple.

Je ne puis terminer cette rapide et incomplète revue des travaux de M. Deprez sur la machine à vapeur sans parler d’un régulateur de vitesse très ingénieux, très nouveau, reposant sur les plus judicieux et les plus savans principes, bien peu connu cependant, car, entraîné par d’autres recherches, M. Deprez ne l’a ni construit ni décrit dans aucun recueil.

Le régulateur de Watt est bien connu. Deux boules liées à la machine se rapprochent ou s’écartent sous l’influence de la force centrifuge, suivant que la vitesse diminue ou augmente. Leur écartement agit sur une valve qui facilite l’admission de la vapeur, quand la vitesse est trop petite, et la modère quand elle est trop grande. Tout écart de vitesse tend ainsi à se corriger. Mais l’effet est lent et souvent incomplet. Plusieurs mécaniciens, au premier rang desquels il faut citer Foucault, ont ingénieusement substitué au régulateur de Watt un système isochrone, contraint par sa constitution même de prendre une vitesse déterminée, ou, sinon, poussé immédiatement à l’une des positions extrêmes; élevé au plus haut aussitôt que s’accroît la vitesse, il tombe au plus bas dès qu’elle se ralentit. Trop énergique et trop brutale, la correction dépasse le but, et ces continuels coups de caveçon font naître et entre tiennent des oscillations qui ne cesse ut plus.

La solution proposée par M. Deprez repose sur cette remarque : dans un grand nombre de cas, les résistances à vaincre dans une usine sont indépendantes de la vitesse. La force nécessaire pour entretenir une allure, quelle qu’elle soit, reste la même. On travaille moins en marchant plus lentement, on développe le même effort.

Ceci étant admis, M. Deprez associe à sa machine un régulateur de Watt ordinaire ; il le laisse, quand la marche est troublée, travailler à la rétablir; mais au lieu d’abandonner les outils aux lentes oscillations qui vont naître, il attend le premier maximum de vitesse, pour fixer, dans la position qu’elles ont prise, les valves régulatrices de la vapeur. Comme l’avait deviné Kepler et l’a formellement énoncé