seulement on peut répondre aux innombrables besoins d’une société si compliquée, on comprendra que le régime nouveau institué pour l’éducation des filles n’est nullement une fantaisie arbitraire et individuelle, une entreprise artificielle et inutile inventée dans- un esprit de provocation. Non, ce n’est qu’un élément, mais un des élémens les plus nécessaires et les plus importans dans ce vaste système que nous avons décrit.
Toutes les raisons que nous avons données pour justifier l’enseignement des garçons par l’état s’appliquent également aux filles. Les femmes, sans occuper un rôle officiel dans l’état, ne sont-elles pas par la famille un élément essentiel de l’état ? Par leur influence sur les hommes, soit comme mères, soit comme épouses, ne peuvent-elles pas rendre à l’état les services les plus efficaces ou lui susciter les plus dangereux obstacles ? Nierait-on qu’une femme ignorante et frivole soit incapable de prendre au sérieux l’éducation de ses enfans, et, si ceux-ci sont des fils, ne sera-t-elle pas pour sa part dans leur légèreté et leur paresse ? L’instruction n’est-elle pas une condition nécessaire pour apprécier les avantages de l’étude ? On sait aussi l’action considérable que les femmes exercent sur les hommes dans la vie politique ; sans y être elles-mêmes directement mêlées, elles agissent, par l’intermédiaire des hommes, d’une manière profonde et permanente. Cela peut-il être indifférent à l’état ? Je ne parle pas de telle ou telle opinion ; mais si, dans un sens ou dans l’autre, la femme est appelée à produire dans l’état des mouvemens d’opinion importans, ne doit-elle pas être préparée à un rôle aussi élevé par une éducation aussi sérieuse que possible ? Les femmes n’ont-elles pas aussi leur rôle, soit dans la richesse publique, soit dans la vie intellectuelle et artistique de la nation ? De plus, sans remplir comme les hommes toutes les fonctions publiques, elles en remplissent déjà un certain nombre, ne fût-ce que comme institutrices ? L’état n’a-t-il pas intérêt à ce que ces fonctions soient bien remplies ? N’a-t-il pas intérêt à élever le niveau de l’enseignement pour celles qui seront chargées d’instruire les autres, même dans les écoles privées ? Ou conteste l’aptitude et la compétence de l’état dans un ordre d’enseignement d’une nature si délicate. Nous croyons, au contraire, que l’état apportera à cet enseignement beaucoup plus d’esprit de suite, de méthode, et de lumières que l’industrie privée. L’Université, qui a une si longue tradition, une si vieille expérience, fera certainement profiter les nouvelles écoles de ses traditions et de ses expériences. La raison l’emportera sur la mémoire, le sérieux sur le frivole, la méthode sur le hasard. L’enseignement public a encore un avantage considérable : c’est d’être public. Les maîtres y sont soumis à des