vain, les démentis se succédaient; en vain, Randolph, provoqué en duel par Clay, lui tendait la main après le combat comme pour désavouer le langage injurieux qu’il avait tenu à son égard; en vain, le membre du congrès désigné par Jackson, M. Buchanan, qui fut depuis président des États-Unis, était contraint, malgré son amitié pour lui, de reconnaître l’inexactitude de ses allégations; en vain, Adams lui-même protestait dans le plus fier et le plus énergique langage « devant ses concitoyens à la face du ciel et du pays ; » l’œuvre de la calomnie ne s’accomplissait pas moins, le venin s’infiltrait dans l’esprit public, et les odieux mensonges auxquels aucun homme honnête et sensé n’ajoutait foi, et dont Jackson connaissait mieux que personne l’origine et la valeur, prenaient aux yeux de la foule l’autorité de témoignages incontestés.
Ce n’est pas le lieu d’entreprendre le récit détaillé de la présidence de John Quincy Adams. Le nouveau président pratiqua résolument la politique du parti républicain national, qu’on désigna quelques années plus tard sous le nom de parti whig. Une énergique impulsion fut donnée aux travaux d’intérêt national. Une grande route fut ouverte pour relier les monts Alleghanys à l’Ohio et pour être continuée jusqu’au Mississipi ; les états particuliers suivirent l’exemple donné par le gouvernement fédéral; l’Hudson fut réuni aux grands lacs par le canal Érié, et la première voie ferrée fut construite dans le Massachusetts. En même temps que l’exécution de ces grandes entreprises favorisait le développement de la richesse publique, le gouvernement cherchait dans l’élévation des droits protecteurs un moyen d’accélérer l’amortissement de la dette et d’accroître les ressources du budget fédéral. En faisant substituer le tarif de 1828 aux tarifs antérieurs, Henry Clay inaugurait ce qu’il nommait fièrement le système américain : indépendamment de l’intérêt fiscal que lui offrait l’application des nouveaux droits, il se flattait de hâter le développement de l’industrie nationale, d’attirer dans les manufactures des États-Unis les meilleurs ouvriers de l’Europe et de subvenir sans le concours du vieux monde à toutes les exigences de la consommation américaine.
Quelque jugement que l’on porte sur cette politique, on est forcé de reconnaître qu’à aucune époque de leur histoire, les États-Unis ne possédèrent une administration plus éclairée et plus honnête; aucune n’apporta plus de sagesse et de prudence dans la gestion de la fortune publique, aucune ne céda moins, dans la distribution des emplois, aux inspirations de l’esprit de parti. Les réceptions de la Maison-Blanche, dont Mrs Adams faisait les honneurs avec une grâce sévère, avaient pris un caractère nouveau; les représentans des puissances étrangères en étaient les hôtes assidus et témoignaient