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ont relevé pendant deux ou trois jours l’action de Suez à 2,425, mais ce titre a été ramené depuis à 2,400. La Compagnie vient de faire connaître qu’elle adoptait dès maintenant quelques-unes des mesures que le projet de convention entre M. Gladstone et M. de Lesseps avait stipulées en vue de donner satisfaction aux réclamations du commerce anglais. Il en résultera une légère diminution des recettes ; mais il est important pour la compagnie de désarmer peu à peu cette opposition des armateurs anglais qui avait pris, il y a quelques semaines, un caractère si aigu et si menaçant.

Les actions de nos grandes compagnies de chemins de fer se maintiennent avec une grande fermeté. Ces titres sont bien classés et n’ont rien perdu de leur faveur auprès de l’épargne. Aussi les baissiers perdraient-ils leur peine à les vouloir attaquer. Mais ce n’est pas une raison, d’autre part, pour tenter de leur imprimer une impulsion de hausse sous le prétexte que le vote des conventions leur a ouvert de nouvelles perspectives de prospérité. Ce vote a consolidé la situation des compagnies, mais en même temps il a rendu improbable pour longtemps toute augmentation des dividendes. Les actions sont donc à leur prix, et la spéculation commettrait une imprudence en voulant, comme on l’a annoncé par exemple pour l’Orléans, les relever brusquement au-dessus du niveau actuel.

Les institutions de crédit sont à peu près toutes réduites à l’inaction. Le Crédit foncier, il est vrai, développe ses opérations de prêts ; mais la Société générale, le Crédit lyonnais, la Banque d’escompte, etc., bornant forcément leur activité à ce qu’on appelle les affaires courantes, voient se tarir chaque jour la source de leurs revenus : il faut prévoir, pour 1883, des dividendes inférieurs aux répartitions de 1882. Cette éventualité écarte les acheteurs, et la plupart des titres des banques ne sont plus cotés que nominalement. De là l’immobilité des cours, les transactions effectives (quand il s’en produit) ne faisant que provoquer une nouvelle baisse.

Les fonds étrangers ont été fermes depuis la dernière liquidation. Peut-être même une certaine amélioration aurait-elle pu avoir lieu sur ce groupe de titres si le Stock-Exchange n’avait eu à subir une violente secousse par suite d’un effondrement de 30 pour 100 sur les Chemins mexicains. La liquidation de quinzaine à Londres, qui s’effectue en ce moment, a été rendue un peu laborieuse par cet incident, dont notre marche des valeurs internationales reçoit indirectement le contre-coup.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.