aller jusqu’au bout de l’entreprise commencée ? Ces divers points d’interrogation ont arrêté le 4 1/2 à 108.40 ; la nouvelle de l’incendie de plusieurs maisons européennes à Canton a déterminé un nouveau recul. Malgré l’intervention officieuse du gouvernement anglais, qui fait les plus louables efforts pour prévenir une rupture complète entre la France et la Chine, on ne peut prévoir comment se résoudra cette question rendue si complexe par les habitudes de tergiversation et de duplicité de la diplomatie orientale. On comprend donc l’hésitation de la haute banque à se prêter aux tentatives qui pourraient être faites en vue d’un mouvement de reprise.
On comptait cependant sur un mouvement de ce genre, accompagnement obligatoire des grandes opérations financières qui ont pour objet un appel aux capitaux du public. Or les promoteurs du creusement de l’isthme de Panama ont résolu de contracter dans les premiers jours du mois prochain un emprunt d’une importance considérable. Avec les 150 millions déjà versés sur le capital social, et avec les fonds provenant. d’une première émission de 250,000 obligations, la compagnie du Canal interocéanique a acheté le chemin de fer du Panama et terminé toutes les études et tous les travaux préparatoires en vue de l’opération du creusement proprement dit du canal. C’est l’opération du creusement qu’il s’agit maintenant d’aborder, et, pour né pas se trouver à court de ressources, la compagnie croit avoir besoin de près de 200 millions. Elle va donc émettre 600,000 obligations, rapportant 15 francs par an, remboursables à 500 francs, et elle offrira, dit-on, ces titres au public au prix de 291 francs. L’émission n’est pas encore officiellement annoncée, et il se pourrait faire qu’elle fût ajournée, si les événemens prenaient mauvaise tournure du côté de la Chine. M. de Lesseps n’a jamais trouvé l’épargne française sourde à ses appels, Mais, si robuste que puisse être la foi des souscripteurs du futur emprunt, le moment ne paraît pas propice pour opérer un aussi fort prélèvement sur les capitaux sans emploi.
Il a été question d’un autre grande opération financière, l’émission des actions de la société en voie de formation pour l’exploitation de la régie cointéressée des tabacs en Turquie. La Banque Ottomane s’occupe en effet de la constitution de cette société ; à laquelle prendront part d’importans établissemens de crédit d’Angleterre, de France, d’Allemagne et d’Autriche. Mais cette affaire ne donnera pas lieu à une souscription publique d’actions. Les titres seront souscrits directement par les diverses maisons qui s’occupent, avec la Banque Ottomane, de la formation de la société ; il en sera vendu ensuite ultérieurement un certain nombre sur le marché, mais seulement quand les circonstances politiques et financières paraîtront favorables, ce qui n’est pas le cas actuellement Le marché des valeurs est tout à fait abandonné. Quelques achats