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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Le marché financier de Paris est resté soumis pendant la première quinzaine de septembre, plus complètement encore peut-être qu’on ne l’avait vu jusqu’ici, à des influences et à des préoccupations d’ordre purement politique. Les articles de la Gazette de l’Allemagne du Nord et la polémique qui en est sortie, à laquelle ont pris part les plus importans organes de la presse européenne, les nouvelles transmises de Hong-Kong aux feuilles britanniques et américaines, la réouverture officielle des négociations entre notre ministre des affaires étrangères et l’ambassadeur de Chine, le voyage du roi d’Espagne en Allemagne, les troubles agraires en Croatie, les événemens assez mystérieux qui se passent ou se préparent en Bulgarie, tels sont les faits qui déterminent à notre Bourse les mouvemens incertains, saccadés qu’enregistre la cote de nos fonds publics.

Des variations qui se produisent dans la situation des deux grandes banques d’Angleterre et de France et dans l’état général du marché monétaire, de l’abondance plus ou moins grande de l’argent, des probabilités d’un relèvement ou d’un abaissement à bref délai du taux de loyer des capitaux, de l’importance que le déficit des récoltes en Europe pourra donner aux exportations métalliques cet hiver, de la diminution constante du rendement des impôts, de tous ces phénomènes économiques ou financiers qui constituaient autrefois le principal objet des préoccupations du spéculateur, il n’est plus question aujourd’hui ; nul ne s’en inquiète ; il s’agit bien de savoir dans quelle proportion l’or doit quitter les caisses de la Banque, alors qu’on se voit réduit à chercher une réponse à cette question : Le marquis Tseng, ambassadeur de Chine, a-t-il repassé le détroit pour installer sa famille à Folkestone, ou faut-il croire qu’il est décidé à ne revenir que lorsque le cabinet français aura souscrit à son ultimatum ?

L’activité des transactions à la Bourse de Paris est chaque quinzaine en décroissance. On s’étonne, lorsque survient une liquidation, que l’importance des engagemens ait pu se réduire encore depuis la liquidation précédente, tant elle avait alors paru déjà réduite. Il n’y a plus, à vrai dire, de spéculation. La haute banque se renferme dans une abstention complète ; il ne reste plus à la Bourse que les joueurs des catégories inférieures, qui opèrent au jour le jour, sans vues arrêtées, tantôt à la hausse, tantôt à la baisse, au gré des événemens, et qui modifient à tout instant leurs positions, selon la teneur des dépêches qui leur parviennent entre midi et demi et trois heures. Sur le