Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 59.djvu/471

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 septembre.

Tous les drames ont leur épilogue qui résume la moralité de l’action. L’épilogue du drame de Frohsdorf, de la mort de M. le comte de Chambord, c’est tout ce qui vient de se passer autour de ce tombeau pour jamais fermé, et ces incidens, certes fort imprévus, prouvent une fois de plus que décidément en ce monde rien ne peut se faire simplement. Il faut que les petits arrangemens ou que les petits calculs des survivans compliquent tout, jusqu’aux affaires d’un mourant, jusqu’aux funérailles d’un mort.

Voilà un prince qui a passé sa vie dans l’exil, victime d’une catastrophe publique qui, autrefois, a brisé la couronne sur le front de son aïeul et emporté sa race. Pendant plus d’un demi-siècle, au milieu des révolutions de toute sorte qui ont remué l’Europe et bouleversé périodiquement la France, il est resté dans sa dignité de banni le représentant respecté d’un principe, d’une vieille tradition monarchique. Il n’a pas eu le règne, il à gardé l’honneur de sa royauté exilée, il a vu passer autour de lui ces événemens qui ne lui ont pas rendu un trône, mais qui n’ont jamais ni lassé sa constance, ni troublé sa loyauté, ni altéré ses sentimens français. Les scissions de dynastie ou de famille que les révolutions avaient créées, il a mis ses soins, une sorte de point d’honneur à les effacer, à les oublier, et à les faire oublier. Aussitôt que les circonstances l’ont voulu, il s’est prêté généreusement à une réconciliation de famille généreusement offerte. Les petits-fils des aïeux divisés se sont sentis rapprochés dans des malheurs communs, et la maison de France, suivant l’expression consacrée, s’est trouvée reconstituée dans son unité avec son chef, avec ses héritiers incontestés. Tout cela s’est fait noblement, cordialement, sans arrière-pensée, et au premier