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LA
RECHERCHE DE PATERNITÉ

La Recherche de la paternité. Lettre à M. Rivet, député, par M. Alexandre Dumas fils, de l’Académie française. Paris, 1883 ; Calmann Lévy.

De même que certaines questions de morale, délicates, subtiles, douteuses, ne relèvent guère que des seuls casuistes, ainsi certaines questions de droit, spéciales, obscures, épineuses, n’appartiennent qu’aux seuls jurisconsultes. — Telle n’est pas la question de la recherche de la paternité. — Jurisconsultes ou casuistes, c’est vainement qu’ils essaieraient de la retenir, parce qu’évidemment ils y seraient sans titre. En effet, où l’ordre public et la morale générale se trouvent intéressés, ni la toque, ni la robe, ni l’hermine ne confèrent plus de privilèges, et l’on peut dire avec sécurité que tout homme qui pense n’est pas seulement libre, mais encore presque tenu d’avoir son opinion.

Nous ne sommes donc pas de ceux qui s’aviseront jamais de reprocher à M. Dumas, dans cette question de la recherche de la paternité, la périodicité de son intervention. Peu nous importe même si, l’ayant réveillée jadis l’un des premiers, et quand l’opinion publique y pouvait sembler assez indifférente, il entretient autour d’elle une agitation que nos hauts magistrats qualifient volontiers de factice. Une erreur trop commune aux personnages que l’on appelle constitués en dignité, c’est de ne pas prêter une attention suffisante aux rêves de ce qu’ils appellent, à leur tour, dans cette