Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 58.djvu/940

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
REVUE DRAMATIQUE

LE CONSERVATOIRE DE DÉCLAMATION.

Les concours de tragédie et de comédie en 1883. — L’Enseignement dramatique au Conservatoire, par MM. L. de Leymarie et A. Bernheim. (P. Ollendorf, éditeur.)

A l’heure qu’il est, personne de ceux qui lisent, chez les plus petits coiffeurs de province comme dans les cercles élégans de Paris, n’ignore la bonne nouvelle: cette année, les concours de tragédie et de comédie du Conservatoire sont miraculeusement beaux! Tout le monde sait que, l’an dernier, il n’y eut pas de prix de tragédie pour les hommes, et que, pour les femmes, il n’y eut ni premier prix de tragédie ni premier prix de comédie : ce fut un grand deuil dans les environs de la rue Bergère, une lamentation courut par les rez-de-chaussée des journaux. Cette fois, au contraire, quelle abondance! et aussi quelle joie ! Magnum proventum histrionum hic annus attulit! Et même on peut ajouter : vel tragicorum! Les plus réservés, les plus froids parmi les critiques, murmurent d’un air confidentiel et gourmet : « Il y a du tragédien, cette année, » — à peu près comme les gardes-chasse : « Il y a du faisan ! »

« Savez-vous bien, mes enfans, écrivait l’an dernier M. Sarcey, savez-vous bien, mes enfans, que votre concours de tragédie est un des plus faibles que j’aie jamais vus depuis tantôt vingt-trois ans que je suis assidûment ces exercices ? » Et plus loin il déclarait que, même « en comédie, il y aurait bien à dire. » Apparemment la nature se recueillait pour produire les tragédiens et les comédiens de cette