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LA
QUESTION MUSICALE
EN ITALIE

Uber den Stand der öffentlichen Musikpflege in Italien, von Martin Roeder. Leipzig ; Breitkopf und Härtel.

En musique aussi bien qu’en peinture, — sans parler de ses Dante et de ses Pétrarque, — l’Italie a son grand passé, mais il appartient à l’histoire et fort peu s’en occupent, tandis que le passé de l’Allemagne, plus rapproché, presque contemporain, — Bach, Mozart, Beethoven, — s’impose à tous. Que de gens pour qui Palestrina n’est qu’un nom, et qui, parcourant le palais des doges, ne songent point à s’enquérir des deux Gabrieli et d’Antonio Lotti, dont les bustes brillent par leur absence dans ces corridors où figurent tant d’illustrations ! A Rome, on connaît Raphaël ; à Florence, Michel-Ange; à Venise, on salue Titien et Véronèse; quant à l’Italie musicale, c’est autre chose, et nous sommes habitués à ne la considérer que dans le présent. J’ai vu le temps où cette règle était des plus sommaires. Au théâtre, le répertoire courant, Rossini, Bellini, Verdi, selon la circonstance ; à la chapelle Sixtine, le Miserere d’Allegri pendant la semaine sainte; les pifferari au carnaval, ici et là quelque chanson et tarentelle napolitaines : c’était le programme ordinaire à tout dilettante jaloux de se renseigner, et je ne suppose pas que le système d’information ait, depuis lors, beaucoup varié. Nous saurons plus tard ce que l’avenir et le progrès nous réservent ; en attendant, on peut dire que, jusqu’à ce jour, toute vie musicale