expérience d’administrateur habitué à tenir compte des obstacles, il ai en même temps, soin d’avertir les membres du conseil supérieur qu’il ne saurait prendre l’engagement « d’avoir exécuté ce programme en cinq années[1]. »
Ces espérances, reportées par M. Tirman sur le cours de l’exercice 1882, ne devaient pas être réalisées plus que ne l’avaient été celles précédemment conçues par M. Albert Grévy pour 1881. Qu’adviendra-t-il en 1883 ? On ne saurait le dire encore. Les hommes de bonne volonté qui ont mis en avant avec tant de confiance, il y a trois ans, et soutenu depuis avec une persévérance qui ne se lasse point la combinaison adoptée par les commissions du budget de la chambre des députés et par nos divers ministères auront-ils le chagrin d’être amenés à reconnaître que tous leurs efforts n’auront, en définitive, abouti qu’à faire retarder et même suspendre les travaux de colonisation auxquels ils avaient, au contraire, rêvé d’imprimer un redoublement d’activité ? Nous croyons que ce déboire leur sera épargné. Il semble, en effet, qu’ils n’ont pas cessé d’avoir le gouvernement avec eux, ce qui, dans notre pays, est une grande cause de succès. Je ne parle pas seulement du projet déposé le 18 juillet 1882 par MM. René Goblet et Léon Say ; ces messieurs n’étant plus aujourd’hui ministres, cela n’importerait guère ; mais, dans le budget général pour l’exercice 1884, présenté par M. Tirard, le ministre actuel des finances, je trouve une note préliminaire relative au service du gouvernement-général de l’Algérie, où il est dit « que le parlement est présentement saisi d’un projet de loi ayant pour objet de mettre, à partir de 1883, à la disposition du ministre de l’intérieur une somme de 37,500,000 francs, destinée en grande partie à des acquisitions de terres[2]… »
En réalité, la réduction de la subvention de 50 millions à 37,500,000 francs est purement fictive. Déjà M. Léon Say avait formellement établi : « que l’avance à faire par la caisse des dépôts et consignations retombant, après tout, sur la dette flottante, qui aurait à fournir les espèces, il valait mieux, conformément aux règles d’une bonne comptabilité, inscrire directement au budget les dépenses de la colonisation de l’Algérie. Cependant, ajoutait ce ministre, comme le budget ordinaire contient déjà pour cet objet un crédit de 2,500,000 francs (chiffre exact : 2,470,000 francs), il suffirait d’ajouter au budget extraordinaire un complément de 7,500,000 francs, soit 37,500,000 francs à répartir en cinq