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des suppliques, recevoir des ambassadeurs, se livrer au plaisir de la chasse, assister à des courses, ce sont là des actes où il n’entre pas beaucoup d’ostentation. Comment d’ailleurs un souverain, et un souverain italien, se serait-il refusé, contrairement aux usages de son temps, à la louange, flatteuse entre toutes, des artistes en renom? Borso, du reste, n’éprouvait pas les scrupules de modestie qu’on lui attribue. N’avait-il pas souffert en 1454 qu’on lui élevât une statue devant le palais della Ragione[1]? — Une autre remarque, faite par Aventi, tend à contredire ceux qui nient l’intervention de Borso dans la commande des fresques dont il s’agit. Nulle part le duc Hercule re figure à côté de son frère. Si les compositions n’avaient pas été arrêtas du vivant de Borso, nul doute que le peintre n’y eût introduit l’effigie du prince régnant, de celui par ordre duquel il travaillait. — Ajoutons que la simplicité même des scènes dans lesquelles figure Borso confirme notre opinion. Si Hercule avait été pour quelque chose dans le choix des sujets, si son but eût été de glorifier la mémoire de son frère, n’aurait-il pas préféré des épisodes plus marquans? Comment n’aurait-il pas songé aux pompeuses cérémonies, aux fêtes splendides qui eurent lieu d’abord dans sa capitale, quand Frédéric III créa Borso duc de Modène et de Reggio, ensuite à Rome lorsque Paul II ajouta à ce titre celui de duc de Ferrare? Tout concourt donc à prouver que Borso ordonna lui-même et vit commencer l’exécution des peintures que réclamaient naturellement les murs de son palais favori.

On est en droit de penser que la tâche entreprise dura longtemps. L’étendue des surfaces à peindre était considérable. Plus d’une circonstance imprévue se mit d’ailleurs à la traverse. Peut-être les travaux furent-ils suspendus dès 1471, quand Hercule, aussitôt après son avènement, eut donné le palais de Schifanoia à son frère Albert, et auront-ils été repris seulement en 1476, époque où le duc rentra en possession de ce palais par la confiscation des biens d’Albert, exilé à Naples. On peut également supposer une interruption ou tout au moins un ralentissement entre 1481 et 1484, alors que la guerre contre Venise, guerre compliquée par les inondations, la famine et la peste, menaça si gravement l’indépendance de Ferrare, Ce qui est certain, c’est que les fresques étaient terminées depuis assez longtemps quand il fallut, en 1493, démolir dans le grand

  1. Il était représenté assis entre quatre génies ailés. Ce monument était dû à Niccolo et Giovanni Baroncelli de Florence, ainsi qu’à Domenico di Paris de Padoue, gendre de Niccolò Baroncelli. En 1472, on le transporta en face de la cathédrale, auprès de l’arcade qui conduisait à la cour ducale, et, en 1796, il fut, comme la statue équestre de Nicolas III, à laquelle il faisait pendant, mis en pièce par la fureur populaire. On voit encore la colonne qui supportait les cinq figures de bronze.