Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 58.djvu/487

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CINQUANTE ANNÉES
D’HISTOIRE CONTEMPORAINE

MONSIEUR THIERS

VII.[1]
LA CRISE POLITIQUE DE LA FRANCE APRES LA GUERRE. — M. THIERS, L’ASSEMBLÉE DE VERSAILLES ET LA RÉPUBLIQUE. — 19 FÉVRIER 1871, 24 MAI 1873.

Lorsqu’au 19 février 1871 M. Thiers avait reçu le pouvoir d’une assemblée sortie la veille du sein meurtri et ensanglanté de la France, il avait eu entre tous le mérite de saisir la situation d’un regard ferme et de se décider avec une raison courageuse, sans illusion comme sans faiblesse. Sur-le-champ il avait abordé l’immense et douloureux problème en homme préparé à tout : pas un instant il n’avait hésité. Il avait compris d’abord qu’il fallait se résoudre à la paix, non par une défaillance indigne d’une nation virile, mais dans un intérêt d’avenir, pour disputer à la mauvaise fortune ce qui pouvait encore être sauvé de la France, et cette paix de nécessité, de raison, il en avait pris l’initiative et la responsabilité; il l’avait signée, avec la conviction qu’il rendait au pays le plus grand des services, — « mais inconsolable, à jamais inconsolable d’avoir dû

  1. Voyez la Revue du 1er avril, du 15 juin, du 1er décembre 1880, du 15 avril et du 15 décembre 1881 et du 1er octobre 1882.