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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Les impressions pessimistes dominaient au début de ce mois ; depuis le 6, un revirement s’est produit et déjà une partie de la dépréciation qui avait frappé en juin le portefeuille des porteurs de titres se trouve effacée.

Nous avons dit, il y a quinze jours, comment les nouvelles d’Egypte avaient fourni aux baissiers, qui commençaient à manquer d’argumens, un excellent prétexte pour peser sur la place et régler à leur fantaisie les conditions de la liquidation à laquelle on allait procéder. Ces conditions ne pouvaient être que très dures pour les acheteurs, d’autant plus qu’ils n’avaient même pas la ressource de compter sur l’effet favorable que devait produire une discussion rapide des conventions conclues entre l’état et les compagnies de chemins de fer.

La commission chargée d’examiner les arrangemens intervenus entré le ministère des travaux publics et cinq des compagnies se trouvait composée d’anciens adversaires du régime de l’exploitation des voies ferrées par l’industrie privée. Il s’y est constitué une minorité d’obstructionnistes qui, par tous les moyens possibles, ont cherché à retarder la solution prévue et à rendre inévitable un ajournement du grand débat après les vacances du parlement. Cette tactique a paru, au commencement du mois, assurée d’un plein succès ; la commission ne se lassait pas d’entendre chaque jour de nouvelles explications des ministres des finances et des travaux publics ; elle affichait même la prétention de joindre à la question des conventions celle des tarifs, que M. Raynal avait intentionnellement laissée décote dans ses négociations avec les compagnies. D’autre part, on savait la chambre disposée à se séparer avant le 14 juillet. Donc, les conventions restant en suspens, point de budget extraordinaire ; les finances de l’état se trouvaient livrées, à tous les hasards, avec un budget ordinaire mal équilibré et un déficit croissant de mois en mois.

C’est dans cette situation qu’est intervenue la liquidation, faisant perdre aux acheteurs une unité environ sur chacun des types de rente, comparaison faite avec les cours de compensation de la liquidation précédente, tandis que le Suez, le Crédit foncier, l’Unifiée d’Egypte, baissaient lourdement, entraînant le reste de la cote. Comme toutefois l’argent est toujours abondant et disposé à se prêter à bon compte, les taux des reports se sont maintenus très modérés. Le revirement qui a suivi a été déterminé à la fois par la nouvelle attitude de la