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qui conseillent de rendre les habitations indépendantes du sol par des chambres d’aération ménagées dans les soubassemens, ou simplement par des planchers imperméables.

Les parcs et les jardins sont utiles non-seulement parce qu’ils nous procurent un peu d’ombre et de fraîcheur pendant la saison chaude, mais encore parce que la végétation absorbe les détritus et purifie le sol ; elle diminue ainsi les chances d’épidémie[1]. Il importe d’ailleurs de multiplier dans les villes ces oasis où l’atmosphère n’est pas directement viciée. Mais la quantité d’oxygène que les plantes dégagent est trop peu de chose pour en tenir compte. Les phénomènes de végétation s’accomplissent avec une extrême lenteur : il faut dévastes espaces et un longtemps pour fournir l’herbe ou le bois qui sera ensuite consommé en quelques heures ; l’oxygène est plus vite absorbé que produit. On voit qu’il faut aussi renoncer au préjugé très répandu qui veut qu’un peu de verdure puisse assainir l’atmosphère d’un appartement ; l’avantage des plantes, comme le fait remarquer M. Pettenkofer, consiste ici plutôt dans une influence d’ordre moral que d’ordre physique. Les jardins publics se recommandent aussi par cette considération qu’ils égaient la vue. À Paris surtout, on sait que le pauvre comme le riche, a besoin de fleurs. Même au point de vue de l’hygiène, gardons-nous de méconnaître l’importance de tout ce qui agit sur l’esprit.


Nous nous étions proposé, dans cette étude, de considérer les vêtemens et les habitations au point de vue particulier de leurs rapports avec l’atmosphère ; même ainsi délimité, le sujet s’est montré fort complexe, et, chemin faisant, nous avons rencontré plus d’une question encore mal élucidée. Mais peut-être n’aura-t-il pas été inutile d’attirer l’attention sur ces questions, qui demandent de nouvelles recherches. Les sociétés d’hygiène se multiplient ; des bureaux d’hygiène sont créés dans un grand nombre de villes ; les congrès de Paris, de Turin, de Genève, témoignent de l’intérêt toujours plus vif qui s’attache au développement d’une science dont toutes les conquêtes tournent au profit de notre bien-être physique et moral. Il importe qu’on lui permette d’agrandir son champ et d’étendre sa sphère d’action. Les maladies qui auraient pu être évitées représentent pour une ville le plus lourd de tous les impôts.


R. RADAU.

  1. Faut-il accepter comme praticable le projet de M. Autier, qui propose de servir aux citadins l’air pur des forêts à domicile, on l’amenant par une canalisation spéciale ?