Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 58.djvu/434

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Leblanc a obtenus en 1842 par des dosages exécutés dans un certain nombre de lieux de réunion. Le point de départ est une serre du Jardin des Plantes, dans laquelle, après douze heures de clôture, on ne trouve plus trace d’acide carbonique, grâce à la respiration des plantes, qui s’exerce en sens inverse de la respiration animale. Dans une salle de l’hôpital de la Pitié, d’une capacité de 2,000 mètres cubes, qui contenait cinquante-quatre malades et était restée fermée pendant la nuit, on constata, le matin, une proportion de 2 millièmes[1] d’acide carbonique et une diminution correspondante de l’oxygène. Même résultat dans une salle d’asile très basse de plafond, de 230 mètres cubes, contenant cent seize enfans, après trois heures de séjour, avec les portes entr’ouvertes. Dans une salle d’école trois fois plus spacieuse, qui renfermait cent quatre-vingts enfans de sept à dix ans (4 m. c. par tête), la proportion d’acide carbonique atteint6 millièmes après quatre heures de séjour ; avec une ventilation qui introduit 6 mètres cubes d’air frais par tête et par heure, elle tombe à 1 ou 2 millièmes. Dans un dortoir mansardé de la Salpêtrière, 5 millièmes ; dans la salle de l’Opéra-Comique (3,500 mètres cubes, mille spectateurs, bonne ventilation), à la fin d’une représentation, 1 millième 1/2 au parterre et 3 millièmes en haut. Le résultat le plus défavorable est fourni par l’amphithéâtre de la Sorbonne, où près de mille auditeurs sont parqués dans un espace de 1,000 mètres cubes : 1 mètre par tête. A l’ouverture d’une leçon de M. Dumas, quatre cents auditeurs étant déjà présens, il y a un peu plus de 4 millièmes d’acide carbonique ; après la leçon, qui a duré une heure et demie, et malgré les portes restées ouvertes, la proportion d’acide due à la présence de neuf cents auditeurs atteint 7 millièmes, et l’oxygène a diminué de près de 1 pour 100.

Dans tous ces cas, ainsi qu’il est facile de s’en assurer, la proportion d’acide carbonique est restée fort au-dessous de ce qu’elle ; eût été dans un espace parfaitement clos. A la Sorbonne, elle aurait dépassé le triple du chiffre réellement observé, si l’air n’avait été périodiquement renouvelé par les courans que devait provoquer l’élévation de la température. On peut faire la même remarque à propos des observations consignées dans le rapport de la commission militaire d’aération de 1849, dont M. Leblanc faisait partie. Des dosages exécutés dans trois casernes différentes ont donné la quantité d’acide carbonique et de vapeur d’eau contenue dans Vair, le matin, après dix heures de séjour. A la caserne de l’Assomption et à celle de la rue de Babylone, où l’espace cubique alloué par homme

  1. Les nombres originaux donnent les proportions en poids ; je les ai réduits en volumes.