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calorifères à circulation d’air chaud, maintenus à une température de 25 ou 30 degrés. Ce qu’il y a de plus chaud, c’est une pelisse de fourrure ; mais ce n’est pas seulement la peau, ce sont surtout les poils qui gardent la chaleur, bien que leur masse soit relativement insignifiante : l’efficacité de cet appareil de chauffage est due, avant tout, à l’air interposé. M. Krieger a fait à cet égard une expérience instructive : il a noté les pertes de chaleur de son calorimètre, entouré d’abord d’une fourrure à l’état naturel, puis de la peau complètement rasée, enfin de la même peau enduite de vernis à l’huile de lin ou d’une solution de gomme arabique ; dans ces quatre cas, les. pertes sont représentées par les chiffres suivans : 100, 190, 258, 296. La peau débourrée laisse donc perdre deux fois plus de chaleur que la fourrure, et la perte est triplée par le vernis, qui bouche les pores.

On a fait mourir des chiens et des lapins en rasant leur peau et en la couvrant d’un vernis ; la mort, dans ce cas, n’est pas due à la suppression de la transpiration, mais au froid, comme l’a déjà reconnu M. Fourcault il y a quarante ans. M. Krieger a constaté qu’un lapin, complètement rasé et enveloppé d’un linge mouillé, se refroidissait à tel point, dans une chambre où l’air était à 19 degrés, qu’au bout de cinq heures la température de son sang était descendue de 39° 8 à 24°5 ; dans le même temps, la fréquence de la respiration allait en diminuant et tombait de 100 à 50 inspirations par minute. Introduit dans une cage chauffée à 30 degrés, l’animal ne tarda pas à se rétablir.

Les fourrures sont d’autant plus chaudes que leur poil est plus fin, sans doute parce que l’air qui circule dans les interstices est ainsi chauffé plus efficacement. Il se forme autour du corps des animaux à fourrure des couches superposées d’air dont la température décroît depuis la peau jusqu’aux extrémités des poils ; en hiver, ces animaux paraissent froids au toucher, et la zone des échanges recule vers la peau à mesure que le froid devient plus vif. Le corps de l’animal se refroidit alors principalement par convection, par la ventilation qui enlève incessamment l’air échauffé. Lorsque l’atmosphère est très agitée, le froid pénètre bien plus facilement à travers les fourrures et aussi à travers nos pelisses, comme le savent bien les voyageurs qui ont visité les pays du Nord.

Il résulte de tout ce qui vient d’être dit que les étoffes appelées imperméables sont en général antihygiéniques parce qu’elles mettent obstacle à l’aération des vêtemens de dessous. Ces sortes de guérites portatives nous protègent, à la vérité, contre la pluie, mais elles excitent la sueur et l’empêchent de se vaporiser ; elles sont très gênantes par les temps doux et calmes. La préparation