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XVIIIe siècle, ceux des académiciens qui s’y sentaient du goût, — Oudry, par exemple, Restout, Cochin, le comte de Caylus, — s’ils n’en rétablirent pas l’usage, en empêchèrent du moins la prescription. C’est quelques-unes de ces Conférences que M. Henry Jouin vient d’avoir la très heureuse idée de réunir en volume, et l’idée, moins heureuse, de faire précéder d’une préface de sa composition. De la préface, nous nous tairons, de peur d’en avoir plus à dire qu’il ne serait agréable à M. Jouin. Mais il faut bien dire quelques mots du volume lui-même, et, tout intéressant qu’il soit, prévenir d’abord qu’il n’est ni tout ce qu’il pourrait, ni tout ce qu’il devrait être.

En effet, M. Jouin s’est contenté de réimprimer purement et simplement celles de ces conférences que Félibien, au XVIIe siècle, Watelet, au XVIIIe, dans son Dictionnaire des Arts, ou enfin, de nos jours, les éditeurs des Mémoires sur la vie et les ouvrages des membres de l’Académie royale de peinture et de sculpture, avaient déjà publiées. Il y a entremêlé quelques autres morceaux dont les auteurs, comme Henri Testelin ou comme Antoine Coypel, avaient eux-mêmes, dans le temps, surveillé l’impression. Enfin, il a fait suivre chacune de ces conférences d’un « commentaire » tantôt plus court, tantôt plus long, qui, parmi beaucoup d’indications utiles, contient quelques erreurs ; et il s’en est tenu là. Or c’était justement ici qu’eût commencé le labeur utile. La bibliothèque de l’École des Beaux-Arts possède les originaux ou les copies de la plupart de ces conférences ; il eût fallu les consulter, et, sinon nous les donner toutes, du moins faire un choix entre elles, et ajouter ainsi quelque chose à ce que les prédécesseurs de M. Jouin nous avaient déjà fait connaître. J’imagine, pour ne produire ici qu’un ou deux exemples, qu’une conférence de Le Brun sur le Ravissement de saint Paul, de Poussin, ou encore une conférence de Tocqué sur la Peinture de portrait n’auraient pas fait si mauvaise figure dans ce volume. Autant en dirai-je d’une communication de Cochin sur son Voyage en Italie, ou encore des Réflexions de Falconet sur la sculpture. Car, même en supposant que ces conférences eussent été publiées quelque part, elles ne tiendraient pas moins très convenablement la place que s’est attribuée la préface de M. Jouin ; mais si, comme je le crois, elles sont encore inédites, on pensera que le compilateur est inexcusable de ne les avoir pas imprimées.

J’ajouterai qu’en recourant aux manuscrits M. Jouin eût évité quelques-unes de ces erreurs que nous signalions dans son commentaire. D’après les éditeurs des Mémoires sur la vie et les ouvrages des membres de l’Académie, M. Jouin attribue à Philippe de Champaigne une conférence sur un tableau de Poussin, — Éliézer et Rébecca, — lue en séance publique, le 10 octobre 1682. La conférence n’est pas de Philippe, mais de Jean-Baptiste de Champaigne ; et M. Jouin en eût trouvé la preuve dans les manuscrits. Un peu plus loin, M. Jouin dresse la liste