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MADAGASCAR
ET
LES MISSIONNAIRES ANGLAIS

A quelque secte philosophique qu’on appartienne, il faut avoir l’esprit fort étroit ou fort prévenu pour méconnaître les services que les missionnaires de toute confession ont rendus et rendent encore à la science, à la géographie, à l’esprit de découverte aussi bien qu’au commerce et à la politique des nations qui les protègent. « Le missionnaire, sa Bible à la main, a dit un géographe, derrière le missionnaire le trafiquant avec sa quincaillerie et ses étoffes, derrière le marchand le colon, puis le marin et le soldat, telle a été pour beaucoup de pays devenus anglais la marche de l’asservissement et de la conquête. » Ce n’est pas que nos voisins d’outre-Manche aient toujours une grande considération pour ces intrépides convertisseurs qui répandent aux extrémités du monde et l’évangile et l’Angleterre ; ils respectent infiniment les reliques, ils ne respectent pas toujours celui qui les porte. Les missionnaires protestans qui se sont installés dans la capitale des Hovas, et qui sont parvenus par des prodiges d’activité et d’industrie à s’y rendre maîtres du gouvernement comme des consciences, n’appartiennent pas à l’église anglicane ; ils sont les envoyés, les dévoués serviteurs de la Société des missionnaires de Londres et de la Société des amis. Nous avons appris d’un voyageur fort distingué que tel Anglais de la haute église qu’on voit arriver à Tananarive croirait déroger en rendant visite à ces représentans de la démocratie dissidente. Il ne les tient pas pour des gentlemen, ce qui ne l’empêche pas de les tenir pour des subalternes fort utiles dont on ne saurait trop encourager les entreprises, et si quelqu’un s’avisait de leur