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Publication, avec préface, commentaires et index. Il s’agit de faire connaître huit mille six cents bulles, pour ce seul pape. Près d’un quart en avait été publié antérieurement : nous ajoutons six mille pièces à ce qu’on avait déjà. Presque tous les documens intéressans la France, l’Angleterre, l’Espagne étaient encore ignorés. Élections d’abbés et d’évêques, compétitions ardentes, procédures complexes, rivalités violentes et durables, concessions de fiefs et de bénéfices ecclésiastiques, questions de mariages et de successions, litiges de toute sorte, innombrables dispenses pro defectu natalium, qui montrent où en étaient les mœurs et le respect du mariage au XIIIe siècle, détails intimes de mœurs, informations d’histoire littéraire… où trouvera-t-on un tableau plus complet et plus sincère de la vie de chaque jour dans la société religieuse ou civile d’un si grand nombre de pays, en un temps qui mérite une si grave attention ? La chronologie et la géographie du moyen âge, sur une foule de points de détail, en sont modifiées ; les corrections deviennent innombrables à l’Art de vérifier les dates, au Gallia christiana, à l’Italia sacra d’Ughelli. Il y a matière à de nouvelles études de diplomatique. La lutte entre les partisans de Frédéric II et ceux du pape a été très active dans la région du Haut-Rhin, en Suisse, dans les évêchés de Strasbourg, Bâle, Constance, Lausanne ; l’Alsace y a joué un rôle important ; de tout cela on retrouve ici les traces. Des bulles nouvelles sur la prédication et les préparatifs de la croisade de saint Louis, sur les chrétiens de la Palestine, sur les subsides levés en France et en Angleterre pour venir en aide au royaume de Jérusalem seront les bienvenues.

L’École prépare en outre la publication des registres de Boniface VIII et de Benoît XI, son successeur. M. Charles Grandjean, qui s’est chargé de ce dernier pontificat, commence dès maintenant l’impression de son travail, qui est achevé. Benoît XI n’a pas régné longtemps, mais il a eu le mérite de mener à bonne fin un certain nombre d’affaires engagées par son puissant prédécesseur. L’étude du pontificat de Boniface VIII est plus longue. Trois pensionnaires de l’École française de Rome s’y sont appliqués : MM. Antoine Thomas, Faucon et Digard. Elle n’est pas terminée ; mais nous pouvons déjà faire prévoir quel profit en saura tirer l’histoire. M. Thomas, en effet, a pris soin de noter pas à pas ce que les documens contenaient d’informations certaines concernant les hommes qui, à un titre quelconque, ont marqué pendant le XIIIe siècle. Il a comparé les données diverses, il les a contrôlées et discutées, et son travail, que nous avons inséré dans nos Mélanges, aboutit à d’étranges conclusions. On peut voir tout ce qu’il faut corriger d’erreurs, de confusions bizarres, de lacunes regrettables dans nos recueils courans de biographies. Et ce n’est pas sur des vies obscures que portent ces