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I

Le sol même de Rome renfermait les élémens qui ont permis de nos jours à un savant de premier ordre de constituer une science, l’archéologie chrétienne, seulement ébauchée jusqu’à lui. J’ai eu l’occasion récente ici même de mettre en relief tout le profit qu’apportent à l’histoire générale les travaux d’un maître tel que M. de Rossi. Avec tant de monumens de diverse nature découverts et à découvrir, avec une méthode comme celle qu’il a fondée, la carrière est large pour qui s’y engagera à sa suite[1]. Il a montré par ses travaux combien, pratiquée comme elle doit l’être, l’archéologie chrétienne importe à l’histoire du droit et à l’histoire politique. Il ne reste pas seulement des catacombes à retrouver ; les catacombes ouvertes ont livré des inscriptions, des peintures, des objets précieux qui sollicitent de longues études, par lesquelles on se préparerait à l’entière intelligence de l’immense littérature religieuse des premiers siècles, encore imparfaitement connue. Si les savans italiens occupent à l’avance dans ce large domaine quelques principales positions, plusieurs motifs ont éloigné l’Institut allemand de correspondance archéologique d’y prendre un rôle actif. Nous avons, tout au moins pour l’hagiographie et l’histoire ecclésiastique, de longues traditions ; enfin l’École française de Borne a pour directeur en ce moment un maître en ces sciences, M. Edmond Le Blant. Il y a donc beaucoup à faire pour les nouveau-venus, sans crainte d’un ingrat labeur.

Les premiers siècles du moyen âge italien restent obscurs, bien qu’ils offrent à l’histoire et à l’archéologie des problèmes importans. L’historien peut y étudier dans leurs combinaisons inattendues les élémens que la domination impériale retenait naguère en suspens ou à distance, mais qui, développés et libres, vont concourir à la formation d’une autre société. Institutions et civilisation lombardes, institutions et civilisation grecques, dégénérescence des traditions italiennes, tel est le fond d’un tableau sur lequel se détachent, aux VIIIe et IXe siècles, le brillant essor de la période carlovingienne, les progrès du gouvernement pontifical, les hostilités ou les alliances qu’il rencontre. Rarement scène historique à présenté Un si vaste intérêt dans un si petit espace, les papes essaient d’affermir et d’étendre leur pouvoir temporel contre les attaques des Lombards et la suzeraineté des Grecs. Ils appellent à eux les

  1. Voyez la Revue du 15 janvier 1883 : une Fête archéologique à Rome.