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qu’une fois les droits d’entrée. Un devoir envers les consommateurs : car c’est à eux qu’incombe, en fin de compte, la charge d’acquitter les droits d’octroi. Condamnés à payer sur tous leurs alimens une redevance considérable, ne pouvant se procurer à manger et boire qu’à la condition de donner de l’argent à la ville, devenue en quelque sorte l’associée des marchands, les consommateurs ont quelque raison de penser que la ville se rend, dans une certaine mesure, responsable de la bonne qualité des produits dont elle a fait payer l’entrée, à chaque porte, la municipalité a placé des employés à elle, qui ont le droit d’éventrer les sacs, de déclouer les caisses, de sonder les tonneaux, de déboucher les bouteilles, et elle prélève sur chaque marchandise une part de bénéfice. Au moins faut-il que le consommateur ne paie pas l’entrée d’une farine frelatée, d’une viande malsaine, d’un vin fabriqué. C’est, une responsabilité que la ville, en établissant l’octroi, a prise vis-à-vis de ses habitans ; c’est une garantie qu’elle leur doit pour leur argent. Aussi faut-il applaudir les municipalités qui ont chargé des chimistes d’examiner les produits suspects et de dénoncer la fraude. Des laboratoires municipaux semblables la ceux, qui existent dans beaucoup de grandes villes d’Allemagne et d’Angleterre ont été créés dans quelques villes de France. On vient d’en établie à Lyon et à Amiens. Celui de Paris, installé à la préfecture de police, a déjà rendu de grands services. Il est vrai de dire aussi qu’une furieuse tempête de rancunes et d’accusations s’est élevée contre lui.

Les travaux d’un laboratoire municipal peuvent être divisés en deux classes : ceux que la police fait exécuter, et ceux que demande le public. A Paris, trente-deux experts dégustateurs font des inspections dans les halles, les marchés, et chez les marchands de comestibles. Ils prélèvent des échantillons, et, quand la qualité leur paraît mauvaise, les expédient au laboratoire. Quand l’examen chimique a été fait, le parquet reste juge de l’opportunité des poursuites. Il relève soit le délit de falsification, soit la mise en vente de produits falsifiés, ce qui est aussi un délit. Si les poursuites ont lieu, on procédera à une contre-expertise chimique, et le négociant coupable n’est pas condamné avant que les conclusions des experts municipaux aient été vérifiées par d’autres savans.

Outre ces travaux ordonnés par le préfet de police, les chimistes du laboratoire se chargent de toutes les analyses que viennent leur demander les particuliers, commerçans ou non. Ce service est rendu gratuitement pour les analyses qualitatives. On fait payer de 5 à 20 francs, le travail beaucoup plus long et plus minutieux des analyses quantitatives. Toute personne qui pense avoir à se plaindra de son épicier, de son boulanger de son marchand de vin peut