de cuivre), les cendres bleues (carbonate de cuivre), le bleu de cobalt ; l’orpiment ou réalgar (sulfure d’arsenic) ; le vert-de-gris et la gomme-gutte. C’est, on le voit, un assortiment de poisons irréprochable. Il est vrai qu’on en mettait le moins possible. L’ordonnance de 1841 tolère le bleu de Prusse, l’oxyde de zinc et le bleu d’outremer. C’est pousser bien assez loin la tolérance. Elle autorise aussi la cochenille, l’indigo, le carmin, le bleu et le violet d’aniline. En somme, une boite de bonbons est toujours une boîte à couleurs, — un peu sucrée.
Quel repas ! Et nous n’avons pas tout dit : il y a derrière les marchands de comestibles d’autres falsificateurs. Ceux-ci s’évertuent à tromper les premiers, qui trompent le public. Il y a un art de frauder les fraudeurs. Par exemple, disions-nous, on teint le beurre avec le rocou. Qu’est-ce que le rocou ? Une substance tinctoriale, répond la science, tirée des fruits du bixurellana (famille des bixacées). Mais le rocou du commerce, celui qui fait le beurre ? De l’ocre rouge, du colcothar, de la brique pilée. Et cette fécule de pommes de terre, si souvent employée par les fraudeurs ? Heureux si nous ne devions absorber, sous d’autres noms, que cet aliment inoffensif ! Mais à la fécule on ajoute de la craie, du plâtre, de la sciure d’albâtre gypseux et même de la terre de pipe !
La digestion de tous ces produits du laboratoire ou de l’industrie exige une tasse de café ; un verre de cognac et un cigare. Mais voilà trois nouveaux problèmes à résoudre.
Tout le monde sait qu’en France le café est inséparable de la chicorée. Quelquefois on y met aussi de la fécule de pommes de terre, du blé, du maïs, de l’orge, de l’avoine, des carottes, des betteraves. Mais, sachons le reconnaître, dans l’art de fabriquer le café, les Anglais nous dépassent. Le journal de médecine the Lancet signale, parmi les produits employés, le caramel, la terre rouge, le tan en poudre, la sciure de bois d’acajou, le foie de cheval cuit au four. Ces deux dernières inventions font grand honneur à l’imagination du fabricant. Le docteur Hassal, de Londres, a essayé trente-quatre échantillons de café ; dans trois seulement le café était pur. Dans les trente et un autres, la proportion de café variait de la moitié à un cinquième.
Mais restons en France. On a dégusté sa décoction de chicorée et on ouvre une boîte de cigares. La boîte est magnifique. On se dit tout bas, entre amis, qu’on l’a eue par occasion, un peu par contrebande. Il existe à ce sujet à Paris une fraude assez bizarre. Les cigares de la régie sont si mauvais que les fumeurs sont assez