Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 57.djvu/764

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


PROMENADES ARCHÉOLOGIQUES

LA MAISON DE CAMPAGNE D’HORACE.


Il est impossible de lire Horace sans désirer connaître cette maison de campagne où il a été si heureux. Peut-on savoir exactement où elle était ? Est-il possible de retrouver, non pas les pierres même de sa villa, que le temps a sans doute dispersées, mais le site charmant qu’il a tant de fois décrit, ces hautes montagnes « qui abritaient ses chèvres des feux de l’été, » cette fontaine près de laquelle il allait s’étendre aux heures chaudes du jour, ces bois, ces ruisseaux, ces vallées, cette nature enfin qu’il a eue sous les yeux pendant la plus longue et la meilleure partie de sa vie ? C’est une question qu’on se pose depuis la renaissance, et l’on en a d’assez bonne heure entrevu la solution. Vers la fin du xvie siècle, quelques érudits, qui s’étaient mis en quête de la maison d’Horace, soupçonnèrent l’endroit où il fallait la chercher ; mais, comme leurs indications étaient vagues et qu’elles ne s’appuyaient pas toujours sur des preuves bien solides, ils ne parvinrent pas à convaincre tout le monde. Du reste, il ne manquait pas de gens qui ne voulaient pas être convaincus. Dans tous les coins de la Sabine, des savans de village réclamaient avec acharnement pour leur pays l’honneur d’avoir donné l’hospitalité à Horace et n’entendaient pas qu’il en fût dépossédé. C’est ainsi qu’on mettait sa maison de campagne à Tibur, à Cures, à Reate, un peu partout, excepté où elle devait être.

Le problème a été définitivement résolu, dans la seconde moitié du dernier siècle, par un Français, l’abbé Capmartin de Chaupy. C’était un de ces amoureux de Rome qui vont pour y passer quel-