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dans les crevasses des murs antiques, prescription, ingénieuse qui ressemble au calcul du petit propriétaire, joyeux de voir remuer son champ avant les semailles par des gens qui lui ont acheté et bien payé d’avance le droit de lui rendre ce signalé service, il faut se conformer, en un mot, à toutes les dispositions de ce fameux édit du 7 avril 1820, rendu jadis par le cardinal Pacca pour les états romains, et qui est encore en vigueur. Le parlement italien avait entrepris, il y a quelques années, de le remplacer par une loi commune à tout le pays, et comprenant, outre les fouilles, les questions de propriété, d’échange, d’exportation et de vente des objets d’art. La tentative a échoué, une telle loi étant fort difficile à faire, parce qu’elle touche en même temps à des intérêts publics et privés très délicats et très graves. Un particulier ayant en sa possession la Vénus de Milo est-il maître de la restaurer à sa fantaisie et de la vendre au dehors ? Le Moïse de Michel-Ange, les plus belles toiles de Raphaël peuvent-ils être de propriété absolument privée ? Le célèbre article 14 de l’édit Pacca ne permet d’exporter les objets d’art que sous la condition d’une taxe de 20 pour 100 : c’est une notable dépréciation de la propriété italienne.

Si la fouille doit être entreprise sur un terrain appartenant la un particulier, elle est soumise naturellement aux conditions spéciales stipulées entre les parties, sauf l’intervention toujours possible du pouvoir public et les obstacles créés par la loi à la libre disposition des objets trouvés.

Ce ne sont pas les suggestions et les tentations qui nous ont manqué, et le difficile n’eût pas été pour nous de désigner les lieux où des fouilles auraient eu probablement quelque succès. Nous n’avons pas précisément espéré de retrouver, sur une indication très formelle, il est vrai, d’un écrivain de l’antiquité, les mémoires d’Annibal. Nous n’aurions pas dédaigné de fouiller à quelques heures de Rome un théâtre d’où les premières recherches ont, au siècle dernier, tiré quelques statues, ni de nous associer aux efforts d’un prince romain qui songeait à entreprendre sur ses domaines, à quelque distance de Rome, avec notre collaboration, toute une campagne de fouilles régulières. Mais alors qu’il fallait, sans un espoir fondé, acheter et faire disparaître des maisons ou un village, ou lorsqu’on voulait que notre École s’engageât, sans assurance formelle de succès, à une dépense régulière d’une vingtaine de mille francs par an, lorsque enfin l’administration italienne, tout à fait dans son droit, déclarait réservées telles entreprises auxquelles on aurait pensé, il n’y avait qu’à se soumettre et à se réserver, en se repliant à de modestes desseins.

Nos fouilles à Palestrina, dans la vigne appartenant à la famille