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en sections suivant les nationalités, qui publierait par ses propres ressources des planches in-folio et un Journal universel de l’archéologie, en italien et en français. On y ajouterait un Bulletin donnant la chronique des fouilles. Quelques circonstances ayant retardé l’exécution de ce projet, survint le voyage du prince héréditaire de Prusse, le futur Frédéric-Guillaume IV. Gehrard le gagna sans peine à l’œuvre qu’on méditait. Il obtint, par le grand crédit qu’avait M. de Blacas, notre ambassadeur à Naples, l’adhésion des principales cours italiennes. Ces patronages assurèrent la nouvelle institution. La Société hyperboréenne ne fut bientôt plus qu’un souvenir, que Gehrard consacra plusieurs années après par la publication de deux volumes, dont le second était très justement dédié à M. de Luynes, et l’Institut de correspondance archéologique se trouva fondé avec sa triple publication dès 1829 : Monumenti in-folio, Annali et Bullettino in-octavo. Le système de sections étrangères n’eut pas de succès ; la section française dura seule quelques années, sous la direction immédiate du duc de Luynes, de Guigniaut, Letronne et Quatremère de Quincy, avec la collaboration de Ch. Lenormant, de Raoul Rochette et de M. de Witte.

L’Institut de correspondance a eu, dès son origine, deux mérites qu’il serait injuste de méconnaître. Le premier, c’est d’avoir su éviter les formes et les allures académiques. Là seulement où elles sont le témoignage d’anciennes traditions, ces formes peuvent participer à ce que les traditions ont de respectable. Aux réunions de l’Institut de correspondance, dès l’origine et encore aujourd’hui, point de discours d’apparat ; on lit, on démontre au tableau, on présente un objet qu’on décrit avec soin et en détail, on discute. Comme il y a toujours présent quelque maître de la science, et pour président, depuis de longues années, un savant tel que le premier secrétaire actuel, M. Henzen, il n’est pas à craindre que le niveau des lectures et des discussions vienne à s’abaisser. Le second mérite de l’Institut de correspondance est d’avoir eu dès l’origine et d’avoir conservé longtemps un certain caractère international. C’est ce qui lui a valu la très précieuse assistance de M. de Luynes. Quoique peu satisfait qu’on eût recherché le patronage du prince de Prusse, M. de Luynes n’en prodigua pas moins ses obligeans services à une fondation que, dans l’intérêt de la science, il avait beaucoup souhaitée. Il donna ses soins à la publication de plusieurs des premiers volumes, il fit présent d’un certain, nombre de cuivres, il exécuta lui-même des dessins pour les Monumenti. Bien plus, il sauva mainte fois de ses deniers, au moment d’une ruine imminente, l’entreprise qui lui était chère. Devenu établissement officiel, prussien en 1871, impérial en 1874, l’Institut de correspondance n’a pas, il