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leur séjour en Grèce, ils n’ont qu’un seul objet commun d’étude, l’antiquité grecque. Autre est la carrière ouverte à l’École française de Rome ; différentes sont les conditions de son recrutement, celles des études et de l’avenir de plusieurs de ses membres. Elle reçoit au nombre de six, comme l’École d’Athènes, des élèves sortant de l’École normale, mais aussi de l’École des chartes et de l’École des hautes études. Tous se destinent aux travaux érudits ; mais les premiers seuls, munis de l’agrégation, sont régulièrement voués à la carrière de l’enseignement. Plusieurs des élèves de l’École des hautes études s’occupent d’ailleurs, comme ceux de l’École normale, de l’antiquité classique, de sorte que ce fonds de culture intellectuelle, le plus solide et le plus fécond, reste pour l’École de Rome, ainsi qu’il convient, le principal. Mais ceux que l’École des chartes a préparés s’adonnent exclusivement à l’étude du moyen âge. Nous dirons combien c’est là pour nous, en Italie, un riche et important domaine.

La double antiquité classique appartient en une certaine mesure à l’Ecole française de Rome. — Elle a, dans le sud de l’Italie et en Sicile, toute une Grèce avec ses temples, ses vases peints, ses terres cuites. La Grèce propre devient pour elle, depuis la conquête, comme une sorte de province. Outre cela, les bibliothèques italiennes possèdent en grand nombre les manuscrits, latins ou grecs, que le philologue doit étudier et comparer lorsqu’il veut établir les textes dans leur exactitude et leur pureté. — Pour ce qui est de l’antiquité romaine, ce n’est pas assez de dire qu’elle lui appartient tout entière : il y faut adjoindre les antiquités italiques. Déjà le progrès. des études nous a livré bien des lumières concernant l’histoire et la civilisation de ces peuples, Osques, Étrusques, Sabins, Samnites, Volsques, Marses, qui habitaient l’Italie avant Rome, qui ont vécu indépendans pendant plusieurs siècles encore, et qui ont exercé, même depuis leur défaite, un rôle dans les destinées italiennes : on retrouve les murs imposans de leurs cités, les produits de leur industrie, les débris de leur langage. Il faut poursuivre ces recherches. Des inscriptions inédites, grecques ou latines, sont encore à retrouver çà et là, même après la publication des grands recueils ; celles qui sont publiées demandent à être commentées et mises en œuvre. Combien la science de l’antiquité peut, à Rome et en Italie, s’appliquer en des voies variées et multiples, on peut le calculer par la pensée de ces innombrables sujets d’étude, manuscrits, statues, bas-reliefs, sarcophages, bronzes et peintures, terres cuites, vases peints, pierres gravées, camées, monnaies et médailles, édifices intacts ou en ruine, voies publiques, constructions souterraines, sépultures de bien des âges différens.