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l’antiquité classique, avec les plus belles œuvres de l’art ancien et moderne, ne pût offrir d’admirables ouvertures à de jeunes intelligences bien préparées, et les conduire avec succès dans la voie de la science ou vers la noble tâche de l’enseignement. Le groupement sous une bonne discipline intellectuelle et morale double les. forces et les rend plus fécondes. Il faut d’ailleurs à notre éducation nationale une inspiration toujours renouvelée : une faveur intelligente aux études spéciales doit être puissante à entretenir son incessant progrès. Voilà pourquoi il est bien d’avoir créé il y a quarante ans l’École française d’Athènes, tout récemment l’École française du Caire, et d’avoir fondé une colonie scientifique à côté de notre Académie de France à Rome. Notre villa Médicis est, on en convient, une glorieuse maison, et la fondation de Colbert, après deux siècles de succès, est consacrée. On reconnaît qu’en Égypte nous avons à continuer tout au moins une grande et belle tradition scientifique, et qu’il est bon d’assurer des disciples, des successeurs, à Champollion le jeune, à Letronne, à de Rougé, à Mariette. Ce n’est pas parce que les écoles d’Athènes et de Rome embrassent, par la nature de leurs études, une culture plus générale que l’utilité en devra paraître moins évidente.

Les services que notre École d’Athènes a rendus à l’enseignement et à la science, qui ne les connaît ? Il suffit, pour une première période, de rappeler quels maîtres elle a donnés à la génération actuelle ; il suffit, pour l’époque ultérieure, de feuilleter ses publications et surtout le précieux Bulletin de correspondance hellénique, tableau fidèle de son activité quotidienne. Pas un monument n’est découvert sur un point quelconque de l’Orient hellénique ou de la Grèce que ce Bulletin n’en donne, avec une excellente image bien souvent, un utile commentaire. Point de travaux de vulgarisation, peu de mémoires très étendus ; rien que des informations très précises, des accroissemens réels à notre connaissance de la civilisation et de l’art antiques. Deux ou trois cents inscriptions inédites sont publiées là chaque année. M. Homolle vient d’y donner tout récemment les prémices des belles fouilles que son séjour à l’École d’Athènes, suivi de missions, lui a permis de faire à Délos. On sait qu’il a déblayé entièrement le sanctuaire apollinien. Il a retrouvé les archives de la ville avec celles du temple, c’est-à-dire les nombreuses inscriptions qui nous instruisent des opérations financières par lesquelles le clergé de Délos se transformait en une vaste banque, promotrice du commerce de la navigation, des colonies. Il a recueilli mille textes au moins, l’un de cinq cent dix lignes ; l’autre de plus de trois cents lignes, une vingtaine de cent, cinquante à deux cents lignes. Avec cela des fragmens de statues, des bas-reliefs, des terres