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quatre premières séances, on comptait deux ou trois auditeurs par place, tandis qu’aux deux dernières, chaque auditeur en avait deux ou trois.

Le taylor a paru le premier dans l’arène : on tremblait pour lui, mais il n’a reçu que des éloges. Il a seulement été constaté qu’il partageait avec tous les cépages connus le défaut de mieux se comporter en certains milieux qu’en certains autres. Rien de neuf n’a été dit du riparia, le porte-greffe des bonnes terres. Ses grandes qualités ont été constatées une fois de plus et les merveilleuses greffes d’aramon, que le monde viticole vient admirer à Pignan et à Valeautre chez M. de Turenne, ont été citées comme preuves à l’appui. Le jacquez a pris rang comme porte-greffe avec la très belle réussite des greffes d’aramon et de carignane du Rocher, chez Mme Saint-Pierre. Plantés en simples boutures en 1881, greffés en 1882, le développement obtenu à l’automne de la même aimée était égal à celui de souches de trois ans. On a remarqué que ce cépage, tout en préférant les bonnes terres, s’arrangeait mieux que le riparia des sites par trop méditerranéens, si j’ose m’exprimer ainsi. Sa fertilité a été discutée ; il est loin de produire comme l’aramon, mais sa couleur et son degré l’appellent à améliorer ce producteur trop prodigue de vins trop légers. Il donne, dit-on, plus de fruits que de vin ; pour obvier à de défaut, un admirateur quand même a préconisé la macération, à outrance. M. Vialla, notre président, s’est justement inquiété du dépôt que ce procédé pouvait bien laisser dans les foudres et de la quantité de vin clair qui pouvait ensuite sortir des dits foudres. Il ressort des débats qu’il faut tirer d’abord un vin brillant et limpide, puis utiliser le marc, resté riche, à la fabrication de vins de sucre, loyalement vendus comme tels. L’herbemont n’est pas le plant de l’Hérault ; dans le Gard, il donne un vin léger, droit, abondant, et il est, de plus, un excellent porte-greffe. Le vialla, — son nom lui porte bonheur, — est bien accueilli partout ; il tire parti des terrains les plus ingrats et même des plus mauvais vignerons. Personne ne lui connaît de défaut ; il prend mieux la greffe qu’aucun autre cépage et réussit là où d’autres échouent. Le york-madeira a été nommé jadis « le chevalier sans peur et sans reproche. » Avec son feuillage sombre et son très modeste développement, il n’attire guère l’attention, mais on pressent en lui le porte-greffe cherché pour les petites espèces. On commence à l’admettre comme producteur direct, malgré un accent très américain. Le solonis prospère dans quelques terres inhospitalières à d’autres cépages.

Pas un mot n’a été dit du phylloxéra, ni de la résistance des cépages dont nous venons de parler, ni des œufs d’été, ni d’hiver, qui jusqu’ici jetaient le trouble et le désordre dans les congrès. Ce