Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 57.djvu/640

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tour à tour depuis trente ans, selon que des années plus ou moins favorables les arment plus ou moins pour la résistance. M. Adelison Kelley affirme n’avoir remarqué aucun cas de mildew aux feuilles qui ne fût accompagné de lésions phylloxériques aux racines, et comme il n’y a pas d’anthracnose sans mildew, il se demande si ce n’est pas le phylloxéra qui amène ces deux hôtes funestes. Mon auteur a constaté le mildew sur des groseilliers à maquereaux, et nous avons vu dans une précédente étude qu’en 1850, lors des importations de Reemellin, les groseilliers à maquereaux et les vignes périrent, tandis que les autres arbres et arbustes fruitiers réussirent. On peut raisonnablement conclure de ces deux témoignages qu’à cette époque le phylloxéra et le mildew combinaient déjà leurs efforts malfaisans.

À ce propos, les auteurs d’outre-mer répètent que ce qui est bon dans les Pacific States est nuisible dans les Atlantic States, que le paillis, recommandé dans les régions sèches et brûlantes de l’Ouest, devient un danger dans le climat humide des côtes orientales ; et les déceptions qui, (de 1860 à 1875, ont frappé les états de l’Est nous avertissent que, si nos côtes méditerranéennes peuvent entrer sans difficultés dans la carrière nouvelle, les côtes atlantiques, à la fois chaudes et humides, auront à lutter avec des difficultés d’autant plus sérieuses que, par ignorance du danger ou difficulté à le combattre, le mildew et l’anthracnose ont envahi les espèces françaises jusqu’au point que Mead traiterait non-seulement d’accidentel et de contagieux, mais de constitutionnel, l’effet ayant aggravé la cause. Il découle de ceci que les Bordelais devront adopter les pratiques et les cépages des états atlantiques, tandis que les vignerons du Sud-Est devront opter pour les cépages des états Pacifiques et du Texas, dont les conditions climatologiques se rapprochent de celles de leur région. Cette invasion du mildew est assez inquiétante pour faire rechercher activement des feuillages solides qui lui résistent. On peut cependant espérer que les variétés qui y sont sujettes seront moins délicates sur racines résistantes qu’elles ne le sont actuellement sur leurs propres racines phylloxérées. Les estivalis du Nord, le norton’s-virginia, le cynthiana, semblent offrir une ressource, car ils demandent et supportent plus d’humidité chaude que les autres variétés de leur race.

Les préjugés contre la greffe disparaissent avec ses difficultés : les greffeurs habiles ne sont plus rares, et ses avantages comme précocité et fertilité ne laissent plus de place à l’hésitation. La théorie et la pratique ont fait de grands progrès ; on ne cherche plus la multiplicité de surfaces de la double fente anglaise, mais seulement le contact parfait des couches génératrices du bois sur