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la Société de protection n’ont pas entendu sans satisfaction leur comité annoncer que dix-huit autres familles seraient prochainement dans la même situation. Quant aux colons du Camp-du-Maréchal, comme ils ne doivent absolument rien à la Société de protection, ils seront tous, au cours de l’année prochaine, mis en possession définitive de leurs concessions.

Lorsqu’on envisage le côté purement financier de la question, on trouve que la Société de protection, qui vient d’entamer son quatrième million, à dépensé pour l’œuvre qu’elle a entreprise en (Algérie la somme totale de 870,799 francs. Elle y a créé trois centres, qui sont, dans l’ordre de leur fondation : Haussonviller, Boukalfa, le Camp-du-Maréchal, aujourd’hui complètement peuplés. A Haussonviller, il y a 53 feux et 296 habitans ; à Boukalfa, 23 feux et 132 habitans ; au Camp-du-Maréchal, 35 feux et 220 habitans ; en tout, pour les trois villages ensemble, 111 feux et 648 habitans. Haussonviller a coûté, pour la construction de 60 maisons, la somme de 188,504 francs ; Boukalfa, pour la construction de 21 maisons, dont 6 doubles, 70,203 francs ; le Camp-du-Maréchal, pour la construction de 26 maisons, 81,951 francs, d’où il résulte que l’établissement d’une famille est revenu, les autres frais laissés de côté, pour Haussonviller à 4,188 francs, pour Boukalfa à 3,343 francs, pour le Camp-du-Maréchal à 2,840 francs. Il y a là une variation dans le chiffre des dépenses pour les trois villages qui ne laisse pas que d’être considérable et une différence dans les résultats acquis qui est vraiment significative. Elle devient plus frappante encore quand on remarque que, depuis le jour où la société a pris le parti d’exiger, à titre de garantie, le versement préalable d’une somme d’argent, elle n’a plus eu, sauf une seule fois, d’expulsions à prononcer et que celles des premières années (35 sur près de 700 individus) se rapportent exclusivement à l’époque où elle donnait tout à ses colons sans rien exiger d’eux qu’une promesse de remboursement, et enfin, que la prospérité des habitans de chacun de ces trois villages se trouve être précisément en proportion inverse de l’étendue des sacrifices qui ont été faits pour eux. En un mot, plus la Société de protection s’est éloignée des us et coutumes de la colonisation officielle, plus elle a laissé à ses protégés le soin de se tirer d’affaire presque à eux tous seuls et avec leurs propres ressources, plus le succès s’est accentué.


Est-ce donc une illusion de penser que l’exposé de tous ces essais de colonisation officielle, partant un peu factices, qui ont été ébauchés depuis cinquante ans en Algérie, offre des exemples, je ne voudrais