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analyses microscopiques de l’air ont été continuées à Montsouris, depuis 1877, par M. P. Miquel, qui vient de résumer dans une belle publication les résultats de ces huit années de recherches. Avec un tel guide, nous pouvons essayer, sans trop de risques, d’exposer brièvement l’état de la question.

Les sédimens que charrient les fleuves aériens offrent un mélange complexe et infiniment varié de poussières minérales, de débris organiques et d’organismes vivans de nature animale ou végétales. Les particules inertes fournies par le règne minéral se présentent le plus souvent sous la forme de fragmens irréguliers à arêtes vives et tranchantes, dont la grosseur varie depuis le grain de sable visible à l’œil nu jusqu’aux poussières les plus fines, À cette limite d’extrême division où le microscope lui-même semble impuissant à en définir les contours, elles se distinguent à peine des germes de bactériens, et l’observateur serait fort embarrassé d’en déterminer la vraie nature, s’il n’existait pas aujourd’hui un mode d’expérimentation qui permet de suppléer à l’insuffisance des moyens optiques, je veux dire la culture des microbes pratiquée avec tant de succès, par M. Pasteur et ses disciples. C’est par les ensemencemens que l’on parvient à démontrer l’existence des germes qui se dérobent à l’investigation directe.

Les procédés employés pour recueillir les poussières atmosphériques se sont graduellement perfectionnés sous la main d’une foule d’expérimentateurs habiles. Le moyen le plus simple consiste à exposer à l’air une plaque de verre enduite d’un liquide gluant ; une autre méthode revient à examiner l’eau de pluie, la neige ou la rosée artificielle qui se dépose sur un ballon de verre rempli de glace. On n’obtient ainsi, avec beaucoup de fatigue, que des résultats insignifians. Pour arriver à récolter en peu de temps des quantités notables de sédimens, il faut recourir à des appareils que traverse un courant d’air provoqué par une trompe ou tout autre système d’aspiration. Tels sont les divers appareils collecteurs fondés sur le principe de l’aéroscope de Pouchet et munis de compteurs qui permettent de mesurer le volume d’air aspiré. Pour retenir les poussières que charrié le courant d’air, on emploie généralement des lamelles glycérinées.

La goutte de glycérine qui contient la récolte étant portée sous le microscope, on y constate d’abord la présence des sédimens inertes qui en constituent d’ordinaire les élémens les plus abondans. Comme l’avait déjà remarqué M. Pouchet, ces élémens bruts des poussières sont caractéristiques de leur lieu d’origine : l’air des appartemens habités tient en suspension des brins de soie, de coton, de chanvre, de laine ; dans l’air des rues, ces épaves microscopiques de la civilisation deviennent plus rares et sont noyées, dans les détritus terreux ; à la campagne, des libres d’écorce ou de végétaux en décomposition