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LA
CHARITE PRIVEE
A PARIS

II.[1]
LES DAMES DU CALVAIRE.


I. — MADAME VEUVE GARNIER.

Chevalier errant de la monarchie que l’on allait décapitée, blessé, tout boursouflé par la petite vénale, agonisant, abandonné par le capitaine du navire qui devait le transporter hors de la France, contre laquelle il avait combattu, Chateaubriand fut recueilli, soigné, sauvé par la femme d’un pilote anglais ; il lui doit la vie et ne l’a pas oublié. En rappelant dans ses Mémoires cet épisode de sa jeunesse, il s’écria : « les femmes, ont un instinct céleste pour le malheur. » Cette exclamation, je n’ai pu la retenir en visitant la léproseries où les Dames du Calvaire sont à l’œuvre. Ce n’est point une congrégation religieuse ; elles forment entre elles une association libre et laïque ; aucun vœu ne les enchaîne, aucun costume ne les distingue ; elles sont du monde et ne l’ont point quitté ; elles ont leurs

  1. Voyez la Revue du 1er avril.