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réglé. Gassion, malgré ses fonctions spéciales, roulait pour la tranchée avec les autres maréchaux de camp, ce qui ne l’empêcha pas de passer souvent à cheval les nuits où il n’était pas de garde, ripostant par de vigoureux coups de main aux entreprises de la cavalerie de Beck.

Il y eut deux attaques, dirigées toutes deux sur le front sud-ouest, c’est-à-dire sur les bastions de La Cloche et de Saint-Michel, la courtine qui les réunit et la demi-lune qui couvre cette courtine. Là aussi se trouvait le moulin fortifié, transformé en défense avancée et enveloppé par un bras de la Fensche. Le marquis de Gesvres eut l’attaque de gauche, le duc d’Anguien celle de droite, la plus rapprochée du fleuve. Dans la nuit du 8 au 9 juillet, Picardie et Navarre montant la première garde, la tranchée fut ouverte « sans perte d’aucun homme, » écrivait M. le Duc, le 9, au matin. « Si l’on envoie l’argent et les hommes que l’on a promis, j’espère que dans six semaines je rendray bon compte de cette place[1]. » On n’envoya ni tout l’argent, ni tous les hommes qu’on avait promis, mais M. le Duc tint parole.

Le 11, une communication fut ouverte entre les deux attaques, flanquée de redoutes et armée de vingt-quatre pièces qui battirent le moulin retranché. Bois-Guérin, adjoint de l’artillerie, fut tué pendant cette opération. On était à deux cents pas de la contrescarpe. — Le 13, « au jour de M. d’Aumont, Picardie et La Marine estant de garde enlevèrent le moulin fortifié. Trois cents hommes sortirent pour le reprendre, mais furent vigoureusement repoussés[2]. » — Le 14, le moulin fut armé d’une batterie de six pièces et réuni par un boyau de tranchée au système des attaques. De ce jour, la garnison commença à souffrir du manque de farine. — Le 15, dans la soirée, à l’attaque de M. le Duc, Gassion étant de tranchée, « le régiment de Mazarin enleva un petit travail bien palissadé » et se logea sur la crête du glacis, tandis qu’à « l’attaque de M. de Gesvres, d’Andelot, avec les régimens de Grancey et d’Harcourt » obtenait le même avantage. À cette occasion, les ingénieurs Le Rasle et Perceval furent blessés, tous deux très utiles, le second surtout : « C’est l’homme qui a le plus contribué à l’avancement de ce siège ; j’en suis affligé au dernier point. » Aussi M. le Duc demande-t-il pour lui une récompense considérable alors : une compagnie dans un vieux régiment[3].

  1. M. le Duc à M. le Prince, 9 juillet.
  2. M. le Duc à M. le Prince, 15 juillet.
  3. M. le Duc à M. le Prince, 15 juillet. — Le 18, M. le Duc proposa Perceval pour remplacer Mon treuil, capitaine dans Piémont, tué. De la plupart des lettres que nous avons sous les yeux, il semble résulter que Perceval ne survécut pas à ses blessures. Cependant nous trouvons un ingénieur de ce nom auprès du prince d’Orange en 1645 (Mémoires du prince de Tarante, p. 27) ; est-ce le même homme ou un de ses parens ?