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LA
TRIPLE ALLIANCE

Nous n’en pouvons douter, on a eu soin de nous le dire et de nous le redire, une ligue s’est formée entre deux puissans empires et un jeune royaume pour protéger la sûreté de l’Europe contre tous les boutefeux qui la menacent, et, nous ne pouvons l’ignorer non plus, de tous « ces boutefeux de noise et de querelle, » celui dont on redoute le plus les inclinations perverses et les projets scélérats, c’est la France. Qu’il s’agisse d’un traité formel ou d’une simple entente verbale, la triple alliance, qui vient de se constituer pour six ans, nous dit-on, ne ressemble pas à ces unions vulgaires contractées par des états qui méditent une bonne affaire dont ils se partageront les bénéfices. L’Allemagne, l’Autriche et l’Italie sont étrangères à toute passion égoïste, à tout esprit de conquête et de convoitise. Elles donneront l’exemple de cet absolu désintéressement qui n’appartient qu’aux âmes de magistrats ou de gendarmes. Elles se sont concertées pour veiller en commun sur le repos public, elles ont ourdi une conspiration de l’ordre moral, elles ont formé une sorte de sainte hermandad destinée à tenir en respect les malfaiteurs et les pillards. Désormais, nous en sommes dûment avertis, que nous regardions au nord ou au midi, nous ne pourrons nous mettre à la fenêtre sans apercevoir des tricornes qui tiennent la campagne et nous guettent. Si nous sommes sages, nous aurons soin de rester chez nous, nous nous tiendrons clos et cois.


…… Jusqu’au retour des roses
Chauffons-nous, chauffons-nous bien.