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REVUE LITTERAIRE

LES COMMENCEMENS D'UN GRAND POETE

Victor Hugo avant 1830, par M. Edmond Biré. Paris, 1883 ; J. Gervais.

« Un des élèves les plus obscurs de David, nommé Lavoipièce, sollicitant du prince Louis-Napoléon, en juillet 1852, une place de conservateur des musées, faisait ainsi valoir le plus mémorable de ses titres : « Je fus aussi chargé par David de lui ébaucher le javelot de Tatius, dans le tableau des Sabines. » Je ne prétends pas à une autre gloire que celle de ce brave Lavoipière, et il me suffira d’avoir ébauché le javelot de Tatius pour celui des successeurs de Sainte-Beuve qui fera un jour le Tableau de la Poésie française au XIXe siècle. » — Ainsi s’exprime quelque part, vers la fin de son livre sur Victor Hugo avant 1830, spirituellement et modestement, l’auteur lui-même, M. Edmond Biré. Nous l’en louerons ; et nous ne l’en croirons pas. Car on peut certainement adresser plus d’une critique à son livre, comme par exemple trouver que l’esprit de parti s’y laisse beaucoup trop voir, et trop souvent y donne à la recherche même de la vérité je ne sais quelle déplaisante allure d’inquisition judiciaire ; on peut penser aussi que la disposition n’en est pas toujours la plus heureuse, et qu’il y intervient beaucoup de digressions, dont plusieurs ne tiennent au sujet, quand elles y tiennent, que par un fil bien fragile ; on peut encore ajouter que, par une espèce de contagion du poète à son biographe, quelques